Emigration : attention aux mirages !

En convoquant le phénomène de l’émigration massive de ses jeunes compatriotes vers d’autres cieux parmi les thèmes-clés de son discours, le président de la République prouve une fois de plus qu’il reste connecté en tout temps aux préoccupations majeures de cette importante tranche de la population. Ces dernières décennies, surfant paresseusement sur les difficultés économiques du pays, plusieurs jeunes empruntent l’incertain chemin de l’exil pour la quête, pensent-ils, d’un mieux-être. Même si les logiques sont quelque peu différentes, les candidats à l’émigration sont tous animés par un même désir de se retrouver dans le meilleur des mondes possibles.  Et ces dernières années, la filière canadienne, version XXL de l’émigration massive, est venue enhardir les candidats au départ. Des familles sont prêtes à tout sacrifier pour envoyer leurs enfants vers cette « terre promise ». Il faudra cependant se garder de croire que le chef de l’Etat veut enrégimenter les jeunes qui nourrissent les rêves et les ambitions d’aller à la conquête du monde et à la quête du savoir pour éprouver leurs génies, d’autant que les mouvements migratoires sont aussi vieux que le monde. Mais sur cette question, Paul Biya dans sa posture de Grand Patriarche, tient un discours de sincérité et de lucidité à ses jeunes compatriotes. Il reconnaît par exemple que le Cameroun, à l’instar des autres pays du monde, fait face à de réelles difficultés qui plombent les politiques socio-économiques du gouvernement en faveur de la jeunesse. Il ne passe pas sous le boisseau les peurs et les inquiétudes des jeunes relativement à la vie chère et aux difficultés d’insertion socio-économique. Seulement, la moindre difficulté ne devrait pas pousser à raccrocher et à s’exiler. Le chef de l’Etat s’étonne et s’indigne de ce que cette émigration obsessionnelle pousse même certains compatriotes ayant des positions sociales stables à abandonner leurs activités pour braver les voies sinueuses de l’aventure. Ainsi, on retrouve parmi les candidats à l’émigration des ingénieurs, des médecins, des enseignants etc, qui sacrifient leurs nombreuses années études et leurs perspectives de carrière pour aller jouer les tacherons ailleurs. En pédagogue, Paul Biya exhorte les jeunes à ne pas se laisser emporter par les éblouissements vantés par certains spécialistes du commerce de la peur et du désespoir, car, pense-t-il, « la solution n’est pas toujours de s’en aller ».
  Le président de la République l’a souligné à grands traits, les voies de l’émigration sont parsemées de mirages et de dangers. Dans ce voyage à plusieurs inconnues, les désillusions et les drames constituent des risques asymétriques. Ces dernières années, l’arrivée fortement médiatisée des ressortissants des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre à bord de bateaux parfois de fortune sur les côtes espagnoles et italiennes fait le buzz dans les médias classiques et les réseaux sociaux. L’Océan Atlantique, la Méditerranée et le désert sont ainsi devenus les cimetières où échouent de milliers d’émigrants africains inconnus et qui s’y noient ou périssent en tentan...