« Une CAN d’un niveau élevé »

Narcisse Tinkeu Nguimgou, entraîneur de football, enseignant-chercheur.

Qu’avez-vous retenu de cette 34e édition de la CAN ?
Au terme de la 34e CAN Côte d'Ivoire 2023, nous avons retenu plusieurs faits importants. Premièrement, la victoire inédite de la Côte d'Ivoire. Inédite parce que improbable au vu du parcours quasi mystérieux de l'équipe. Deuxièmement, je pourrais mettre en avant l'élimination très précoce des principaux favoris tels que le Sénégal, le Maroc, l'Algérie et le Cameroun entre autres. Troisièmement, la qualité et le niveau des matchs étaient très élevés avec comme conséquence le record de buts marqués pendant une CAN. Quatrièmement, le limogeage du coach Gasset de la Côte d'Ivoire qui débouche sur la victoire finale de l'équipe et enfin, la troisième victoire finale d'affilée d'un sélectionneur national enfant du pays, je pense notamment à Belmadi en 2019, Aliou Cissé en 2021 et Emerse Fae en 2023. 

Comment la Côte d’Ivoire a-t-elle pu parvenir à surmonter la pression souvent sur les épaules du pays hôte, quand on sait qu’il est rare de voir un pays organisateur remporter sa propre compétition ?
C'est vrai que c'est souvent assez rare pour être relevé, la Côte d'Ivoire n'étant que le 9ème pays hôte à remporter cette prestigieuse compétition. Mais est-ce qu'on peut véritablement dire que c'est une victoire volée ? Je pense que non. Loin de là, la Côte d'Ivoire a eu une grosse équipe que n'a pas su gérer le premier sélectionneur Gasset. Il faut dire à l'attention de vos lecteurs que la pression est l'une des caractéristiques fondamentales du sport de haut niveau et que c'est la gestion de cette pression qui fait souvent la différence. Donc pression oui, mais bravo à cette merveilleuse équipe de la Côte d'Ivoire qui a plutôt trouvé des ressources adaptées pour bien manager cette pression.

Serait-il encore judicieux de parler de grandes et de petites nations de football à la lumière de la compétition que nous venons de vivre ?
Parler de grandes et petites nations de football... Certainement nous devons nuancer notre propos, parce que le Brésil sera toujours le Brésil, l'Allemagne restera l’Allemagne, l'Égypte restera l'Égypte et le Cameroun restera le Cameroun. En d'autres termes, l'échec à une grande compétition internationale ne peut pas d'un coup, inhiber ou faire oublier que les chèvres vont au marché mais n'ont pas les mêmes prix. En revanche, il faudrait reconnaître qu'aujourd'hui, avec les nouveaux programmes de financement et de développement de la FIFA, tous les « petits pays » travaillent pour se rapprocher des standards des meilleurs. C'est la raison pour laquelle on peut voir les résultats des pays comme l'Angola, le Cap Vert, l'Afrique du Sud, entre autres....

Le bilan de cette CAN affiche 119 buts. Cette statistique dénote-t-elle de la puissance des attaques ou de la fébrilité des défenses ?
En ce qui concerne le record offensif de 119 buts marqués parmi lesquels les plus beaux de l'année, lorsqu'on regarde de près l'architecture du football international, on s'aperçoit bien que les Aafricains explosent partout dans les grands et meilleurs championnats d'Europe, primo. Secundo, la philosophie de jeu jadis caractéristique des pays africains ultra défensifs a littéralement muté, parce qu’au-delà de tout, en Afrique ou ailleurs, le football spectacle est valorisé et le jeu est plus ...

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