Football : les coaches africains assurent

Nous jouons la 79e mn.  Les deux équipes sont à égalité (1-1). Hassan Shehata, le sélectionneur décide de faire sortir Mido, la star de son équipe. Le joueur qui évolue alors à Tottemham en Angleterre n’est pas content de son remplacement par Amr Zaki et le fait savoir en mondovision. Il prend une minute pour quitter la pelouse. Une fois hors du terrain, il s’en prend violemment à son coach. Pendant que Hossam Hassan, l’un des joueurs emblématiques des Pharaons de la génération 1998, membre du staff, tente de séparer les deux hommes, à deux doigts d’en venir aux mains, un évènement se produit au stade. Les 75000 spectateurs assistent à un coup de tonnerre. Amr Zaki, entré en jeu une minute plus tôt inscrit le deuxième but égyptien sur une passe d’Aboutrika.  Coaching gagnant de Shehata. Le score en restera là jusqu’au coup de sifflet final. Ce sera le but qui ouvre les portes de la finale aux Pharaons. Trois jours plus tard, L’Egypte remporte, aux tirs au but, face à la Côte d’Ivoire, sa Can, la cinquième de son histoire. Elle enchaînera même avec deux autres sacres en 2008 et en 2010 avec le même entraîneur sur le banc de touche. Shehata, ancien joueur du Zamalek SC, égale depuis 2010 le record de Charles Kumi Gyamfi, mythique entraîneur ghanéen, champion d’Afrique avec son pays en 1963 et 1965, puis en 1982, année du dernier titre des Black Stars à la Can.
Les images sont encore plus fraîches dans les esprits. Lundi 29 janvier 2024. Stade Charles Konan Banny de Yamoussoukro. La Côte d’Ivoire, qualifiée in extrémis pour le second tour comme quatrième meilleur quatrième, est opposé au Sénégal en huitièmes de finale de la 34e édition de la Can. Depuis la 4e minutes, les Lions de la Teranga, champions d’Afrique en titre mènent au score grâce à Habib Dialo. C’est le premier match que dirige Emerse Fae, « bombardé » 48 heures plus tôt sélectionneur en lieu et place de Jean-Louis Gasset après l’humiliation subie (0-4) par les Eléphants face à la Guinée équatoriale. A la 79e, Emerse Fae procède à un changement tactique. Christian Kouamé, un attaquant remplace Seko Fofana, milieu de terrain et l’un des meilleurs joueurs ivoiriens. L’ancien sociétaire du Rc Lens boude sa sortie et refuse de serrer la main à son entraîneur. A la 86e minute, la Côte d’Ivoire égalise par Franck Kessié sur penalty et se remet à rêver. Le coaching de Fae a été gagnant. La boutade : « la star, c’est l’équipe », prend encore un peu plus de l’épaisseur. La Côte d’Ivoire arrachera ensuite, aux tirs au but, sa qualification pour les quarts de finale.
Ces deux faits qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau ont un dénominateur commun : l’entraîneur africain en situation de match affiche sa personnalité et suit ses idées. Les sélectionneurs locaux ne se laissent plus faire sur les bancs de touche. Ils s’imposent de plus en plus, quand bien même l’environnement n’est pas favorable à l’expression de leur vision de jeu. Sept des dix dernières éditions de Can étalées sur ces 20 dernières années (2004-2024), ont été remportées par des sélectionneurs locaux. En dehors du triplé réalisé par Hassan Shehata avec l’Egypte, on peut également citer le sacre de Stephen Keshi avec le Nigeria en 2013, l’exploit de Djamel Belmadi avec l’Algérie en 2019, le couronnement d’Aliou Cissé avec le Sénégal en 2022 et la performance XXL de Emerse Fae avec la Côte d’ Ivoire le 11 février dernier à Ebimpé, Mieux, depuis que la Can est passée à 24 équipes, seuls les entraîneurs locaux l’ont remportée. Cela fait trois éditions déjà : 2019, 2022, 2024. Jusque-là, les sélectionneurs africains sont les experts, les spécialistes de cette Can à 24.  S’il compte cinq titres continentaux remportés avec des expatriés, le Cameroun a réalisé l’un des exploits les plus retentissants de son histoire footballistique, à savoir la médaille d’or aux J.O de Sydney, avec Jean-Paul Akono comme sélectionneur. Walid Regragui a atteint les demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar avec le Maroc. C’est la première fois qu’une équipe africaine arrivait à ce stade de la compétition.  
Hormis le Cameroun, tous les autres ténors du football continental ont soulevé au moins u...