« Le progrès en faveur des femmes nous profite à tous »

Marie Thérèse Abena Ondoa, ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille,

Madame le ministre, la 39e la Journée internationale de la femme se commémore cette année sous le thème « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Pourquoi cette nécessité d'accélérer le rythme en 2024 ? Est-ce à dire que l'on tarde à atteindre l'objectif de développement spécifique lié à l'autonomisation de la femme ?
La 39e édition de la Journée internationale de la femme se célèbre dans un contexte particulier marqué par les effets néfastes des crises mondiales qui ont cours ces derniers temps et qui impactent négativement les conditions de vie des femmes. Il s’agit, entre autres, du Covid, des conflits géo et sociopolitiques, des catastrophes climatiques et autres bouleversements économiques liés à la hausse des prix des carburants et à l’inflation. D’autre part, les Objectifs de développement durable (ODD) ont été adoptés en 2015 et l’évaluation finale desdits objectifs est fixée en 2030, c’est-à-dire dans 6 ans. Pour ce qui concerne les femmes, il est attendu la réalisation de l’ODD5, à savoir : « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ». Beaucoup a été fait sous la très haute impulsion du chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya ; et les statistiques le montrent à suffisance. Si je prends le domaine politique par exemple, aujourd’hui nous avons 33 femmes au Sénat sur 100, et 61 siègent à l’Assemblée nationale sur 180 députés. Nous avons des femmes directeurs généraux de société, préfets, sous-préfets, présidents de conseil d’administration, etc. Même les domaines autrefois réservés aux hommes sont aujourd’hui investis par les femmes. Evidemment, nous notons encore des discriminations liées à certaines pratiques culturelles néfastes comme les mariages précoces ou forcés, les mutilations génitales féminines, les stéréotypes sexistes et autres violences basées sur le genre (VBG). Il est donc question de renforcer la lutte contre ces obstacles pour laisser s’exprimer le potentiel des femmes en vue de l’atteinte de l’égalité des sexes.

Comment vous impliquez-vous en tant que ministre dans l'activisme en faveur du progrès des femmes au Cameroun ?
Il ne s’agit pas d’activisme au sens trivial. Le département ministériel dont j’ai la charge est responsable, entre autres, de l’élaboration et de la mise en œuvre des mesures gouvernementales relatives à la promotion et au respect des droits de la femme et à la protection de la famille. Il veille à l’élimination de toute discrimination à l’égard de la femme, à l’accroissement des garanties d’égalité à l’égard de la femme dans tous les domaines d’activités. Il est donc normal que je me sente interpellée et que j’interpelle l’opinion chaque fois que les droits des femmes et des filles sont bafoués, chaque fois que les comportements sociaux sont violents vis-à-vis des femmes et des filles, chaque fois que nos pratiques socioculturelles se révèlent déshumanisantes ou discriminatoires à l’égard des femmes et des filles. Les actions du Minproff visent à la prise en compte des femmes dans tous les projets et programmes de développement ; une meilleure représentativité des femmes dans la vie publique et dans les instances de prise de décision. Il est en outre question de renforcer leurs capacités en vue de leur autonomisation. C’est l’occasion pour moi de remercier tous les partenaires et acteurs sociaux qui nous accompagnent dans la mise en œuvre de ces missions.

Quelles sont les mesures les plus nécessaires pour accélérer le rythme sur les investissements en faveur des femmes ?
Le thème de la 39e édition de la JIF s’adosse sur certains principes directeurs à savoir que : investir en faveur des femmes est une question de droits humains ; investir en faveur des femmes est un impératif, car les progrès des femmes profitent à tous ; garantir l’égalité des sexes est le seul moyen de bâtir des économies justes. Les actions suivantes doivent donc se poursuivre et s’intensifier : accroître les financements pour l’autonomisation des femmes et des filles, appuyer l’entrepreneuriat féminin ; faciliter la participation politique des femmes et leur représentativité dans les sphères de prise de décision ; renforcer les droits des femmes à l’éducation, à la santé, à la formation, à l’emploi et aux autres services sociaux de base ; éradiquer les VBG, les discriminations et les pratiques culturelles néfastes à la femme et la fille ; lutter contre la féminisation de la pauvreté ; garantir la sécurité des femmes et des filles dans les zones de conflits ; cultiver la paix. Il s’agit en somme de comprendre qu’investir dans l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes constitue un catalyseur de la croissance économique et une condition sine qua none de développement durable. 

Les experts insistent particulièrement sur le leadership féminin comme clé permettant d'atteindre les objectifs. Pourquoi est-ce important ?
Il est important que la femme soit accompagnée pour développer son potentiel à travers le coaching, le mentorat pour une réelle prise de conscience de la nécessité de son importance dans les discussions qui la concernent. Toutefois, il est indispensable que la femme elle-même comprenne qu’elle est la principale actrice de son épanouissement. Elle doit sortir de l’invisibilité pour s’engager et jouer pleinement son rôle dans la construction du pays. Développer l’estime de soi pour candidater en politique, oser, créer, impacter positivement, renforcer ses compétences à travers les formations et la recherche de l’information, briser le silence quand il s’agit des violences, être un modèle inspirant pour les autres, sont autant d’attitudes qui doivent booster le leadership féminin.

À quoi pourrait ressembler le monde si les investissements utiles et appropriés pour le progrès et l'épanouissement des femmes ne sont pas réalisés ?
Aucun développement durable n’est possible sans la prise en compte des femmes qui représentent plus de 50% de la population. Investir en faveur des femmes est un pilier de la construction de sociétés inclusives. Le progrès en faveur des femmes nous profite à tous. Si les progrès ne sont pas réalisés, cela ne ferait qu’accentuer la féminisation de la pauvreté, les discriminations et les inégalités hommes-femmes. Et au Cameroun on serait aux antipodes de l’émergence, de la société juste et prospère que le Président de la République ne cesse d’appeler de tous ses vœux.

Tout au long de la semaine, des débats, tables-rondes ont été organisés par différentes institutions sur le thème de la JIF 2024. A quel point est-il important que les voix des Camerounaises soient entendues dans les discussions autour de cette thématique, à l'échelle nationale et même internationale ?
Chaque année, une thématique sous-tend la célébration de la JIF, et d’année en année, les femmes ont compris l’importance de réfléchir autour de ces thématiques, car c’est là la véritable signification de cette Journée : mesurer le chemin parcouru en termes de promotion des droits des femmes, préserver les acquis et identifier les axes susceptibles de concourir à l’atteinte d’autres avancées en la mati&egrav...

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