« Les femmes se sous-estiment elles-mêmes »

Dr Marie-Michelle Alima Tolo, enseignante de Science politique à l’université de Yaoundé II-Soa.

Comment appréciez-vous la présence des femmes en politique, et précisément aux postes de responsabilité (présidence, vice-présidence, secrétariat généraux, etc.) au sein des partis politiques ?
Il faut déjà préciser que parler de la présence des femmes en politique revient à considérer l’échelle de participation de Braud qui va du plus petit niveau d’engagement à la détention d’un poste électif. Compte tenu de cela, il est aisé de dire que les femmes sont présentes en politique. Vous n’avez qu’à voir leur nombre pendant les meetings, les parades, l’accueil du chef de l’Etat à l’aéroport et autres manifestations publiques. Mais cette participation massive au bas de l’échelle contraste avec leur absence ou alors leur infériorité numérique dans les postes de pouvoir dans bien des sphères de prise de décision. L’infériorité des femmes dans les sphères décisionnelles est criarde. Nous n’avons qu’à voir au niveau des mairies. Sur 360 communes, il n’y a que 35 femmes comme maires titulaires pour un pourcentage de 9,7%. Au niveau des maires de ville, aucune femme à ce poste. Au Sénat, elles ne sont que 33 sur 100. Dont 28 élues et 5 nommées. Pour un pourcentage de 33%. A l’Assemblée Nationale, même s’il y a eu une légère évolution après les consultations électorales du 09 février 2020, elles représentent 33,8%, à savoir : 61 femmes pour 180 députés. Ce qui est encore loin de la parité. Il ressort de ces statistiques que la sphère politique est encore très masculine au Cameroun. Pourtant, les femmes représentent 51% de la population. 

Le pays compte actuellement 369 formations politiques légalisées. Mais celles dirigées par des femmes sont peu nombreuses. Qu’est-ce qui explique cette sous-représentativité ?
La sous-représentativité à la tête des formations politiques légalisées est subséquente à plusieurs facteurs. Une étiologie à cette marginalisation s’impose. Nous pouvons très brièvement les regrouper en causes endogènes, du fait de la femme elle-même, et exogènes, pour des raisons qui lui sont extérieures. Comme facteurs exogènes, nous avons le poids de la culture, mis en œuvre par des habitudes qui mobilisent les critères biologiques pour en faire une répartition des tâches, des rôles, des cadres d’expression (espace public/privé) en société. D’autre part, les causes endogènes qui sont propres à une auto-ostracisation de la femme. Déterminées elles-mêmes par des valeurs véhiculées par la socié...

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