« Le RDPC doit adapter son offre politique aux évolutions de la société »

Pr. Mathias Eric Owona Nguini, politiste, vice-recteur chargé de la Recherche, de la Coopération et des Relations avec le Monde des entreprises, Université de Yaoundé I.

39 ans après sa création, le RDPC reste toujours le parti leader de la scène politique nationale. Qu’est-ce qui explique une si longue hégémonie ?
Si le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) continue d’occuper une position dominante dans l’espace de la compétition politique au Cameroun, c’est grâce à sa longue expérience au pouvoir. Cette domination s’explique aussi par son implantation, le parti disposant d’une représentation bien structurée à travers l’ensemble du territoire national. Et comment ne pas dire que c’est aussi en raison de sa capacité à maintenir des alliances avec un certain nombre de réseaux sociaux importants.

N’est-ce pas simplement faute d’adversité digne de ce nom ?
 Le RDPC fait face à des adversaires qui ont une certaine consistance. Ces adversaires ont développé à la longue une capacité de concurrence qui s’exprime dans plusieurs scrutins différents, qu’il s’agisse de la présidentielle, des sénatoriales, des législatives, des régionales ou des municipales. Seulement, les formations politiques d’opposition rencontrent de grosses difficultés à construire une implantation nationale, parce que cela exige une logistique à la fois financière, matérielle et humaine assez lourde à mettre en place. Par ailleurs, les partis d’opposition font face à la capacité qu’a le RDPC de concentrer un certain nombre de médiateurs ou d’élites. Ce qui laisse aux formations d’opposition une portion congrue quand elles aussi veulent faire leur marché dans ces murs.

Le parti célèbre son anniversaire cette année, tout en ayant déjà l’esprit aux prochaines élections prévues en 2025. Comment appréciez-vous la manière dont le RDPC s’organise déjà en prélude à ces échéances ?
Le RDPC a intégré comme une routine, la nécessité de se mobiliser de manière régulière, et de ne pas réserver sa capacité de mobilisation à des saisons politiques gouvernées par des besoins électoraux. C’est là l’un de ses points forts. Ce dernier est lié à sa capacité à mobiliser les ressources nécessaires à l’animation permanente du parti. De ce point de vue, cette formation occupe le terrain et s’appuie sur un certain nombre de réseaux sociaux pour l’accompagner. Toutefois, cela ne signifie pas que le RDPC va rencontrer le vide en face. Les formations d’opposition essaient aussi de s’organiser. Et cela se traduit ces derniers temps par des dynamiques de regroupement qui visent à les rendre plus compétitifs.

A quel type d’opposition doit s’attendre le parti au pouvoir au cours de ces rendez-vous cruciaux pour l’avenir du Cameroun ?
Comme toujours, il faut bien s’attendre à une opposition farouche, malgré les difficultés qu’ont les partis politiques de ce bord à s’accorder sur une candidature unique, du fait des querelles de leadership. Mais le RDPC, précisément parce qu’il connaît la position de parti dominant peut avoir tendance à s’endormir et à croire que la concurrence ne travaille pas. Or, il est important qu’il maintienne son animation à la fois au plan organisationnel, idéologique et stratégique. Il est aussi nécessaire qu’elle fasse l’effort d’adapter son offre politique aux évolutions de la société, au risque de devoir faire face aux malentendus de plus en plus nombreux, avec de nombreux secteurs de la société. Le parti doit donc être en mesure d’écouter les attentes de plusieurs milieux sociaux, surtout dans une...

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