« Nous devons associer étroitement le secteur privé »

Baltazar Engonga Edjo’o, président de la Commission de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale.

Sous quel signe placez-vous la célébration du 30e anniversaire de la création de la Cemac ?
Le 30e anniversaire de la création de la Cemac est placée sous le signe de l’assainissement de la gestion des institutions communautaires et de la restauration de la crédibilité de la Cemac qui, nous l’avouons, est largement entamée. L’actuel gouvernement de la Commission que j’ai l’honneur de présider a commencé ce travail par l’audit qui a été réalisé, dès l’entame de notre mandat et qui, selon la volonté des Etats exprimée par le Conseil des ministres, sera étendu à toutes les autres institutions. Qu’à cela ne tienne, cette célébration ne saurait occulter les acquis de trente années d’efforts consentis par nos Etats pour bâtir un espace communautaire intégré et prospère. En effet, c’est l’occasion de se souvenir qu’il y a 30 ans, la Cemac a été créée et qu’elle poursuit sa marche résolue vers l’intégration régionale de l’Afrique centrale, promesse de ses pères fondateurs qui ont signé le 16 mars 1994 à N’djamena au Tchad, le traité instituant la Cemac, suite à la disparition de l’Union douanière des Etats de l’Afrique centrale (Udeac). C’est la raison pour laquelle le thème choisi pour cet anniversaire est « Trente ans d’expérience de la Cemac au service de l’intégration régionale : bilan et perspectives ». Il s’agit pour les différentes structures communautaires de procéder, chacune en ce qui la concerne, à une analyse rétrospective de ces trois décennies qui viennent de s’écouler mais aussi, d’évaluer les attentes de nos populations pour mieux se projeter vers l’avenir. Et enfin et surtout, je dirais que celle célébration est l’occasion pour le Président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat de la Cemac, Pr. Faustin Archange Touadera, d’édifier les citoyens de la Communauté sur la marche de l’organisation sous régionale.

Vous parlez d’acquis, en comptant l’intégration. Sauf que dans leur quotidien, les populations ont l’impression que c’est un vain mot. Quelles sont les réalisations concrètes à mettre dans cette volonté politique ?
Je dirais que depuis sa création en 1994 et surtout avec l’adoption du Programme économique régional (PER), en 2010 à Bangui, la Cemac s’est employée à soutenir le développement d’un véritable marché commun en vue d’une intégration irréversible, œuvrant à une harmonisation sectorielle progressive des textes de ses États membres pour la mise en œuvre de politiques communes. De grands projets de transports, d’infrastructures routières et énergétiques, d’agriculture, d’élevage, de pêche et autres, ainsi que d’aménagement du territoire communautaire se sont développés avec des réalisations tangibles. L’enseignement, la santé et l’amélioration de la gouvernance, qui seuls assurent la qualité des hommes et garantissent leur épanouissement, constituent également, depuis 30 ans, une préoccupation de la Cemac. Les facilitations d’échanges interuniversitaires, aujourd’hui constatées, ainsi que la création de structures communautaires de formation internationalement reconnues sont les marques éloquentes des efforts déployés en ce domaine.

Quid de la libre circulation des citoyens de la sous-région sans  visas entre les pays ?
Il convient de le dire et de le répéter, l’effectivité de la libre circulation des citoyens  entre les pays de la Cemac sans visas, est une réalité indéniable. Permettez-moi de rappeler que la garantie de la liberté de circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux, ainsi que le droit d'établissement au sein de la Communauté, constituent par essence, un objectif cardinal de notre Communauté. Toutefois, nous admettons que cette liberté connaît encore des entraves, notamment la multiplicité des contrôles sur les corridors. Les tracasseries administratives de toutes sortes sont toujours des tristes réalités auxquelles sont confrontées quotidiennement les opérateurs économiques et l’ensemble des peuples de la Cemac. A cet effet, les ministères sectoriels compétents des Etats membres vont prendre toutes les dispositions nécessaires, en concertation avec les institutions communautaires chargées de l’intégration. Je rappelle encore une fois de plus l'effectivité de ces droits et libertés de circuler est une condition sine qua non de la réussite du processus d'intégration.

Quels sont les projets et actions que vous projeter pour renforcer ce pilier essentiel du vivre ensemble communautaire ? 
Pour accélérer le processus d’intégration régionale, la Commission s’investira, aux côtés du Comité de pilotage du Pref-Cemac dans la mobilisation de financement des 13 projets intégrateurs identifiés pour la période 2023-2028, auprès des bailleurs des fonds qui ont fait de promesses lors de la table ronde de Paris. Des actions seront menées pour amorcer la mise en œuvre de ces importants projets. En dehors des projets intégrateurs, la Commission compte adopter le Plan directeur d’industrialisation et de diversification économique de l’Afrique centrale afin de : rendre opérationnel la stratégie d’import-substitution des produits du cru de la Cemac et toutes les activités connexes qui s’y rapportent ; faire adopter la stratégie d’industrialisation durable de la filière bois dans le Bassin du Congo ;  élaborer la politique minière commune et finaliser le Code minier communautaire ; conduire le processus de validation de l’étude sur la classification des normes hôtelières et la vitalisation des activités de la politique semencière sous régionale.
De plus, dans l’optique de promouvoir un espace intégré, mon gouvernement entend intensifier certaines actions se rapportant à l’édification d’un réel marché commun. Ceci en associant étroitement le secteur privé de la Communauté aux réflexions sur l’amélioration des échanges intracommunautaires, la diversification des économies de la Cemac et l’essor dynamique dudit secteur, qui est pourvoyeur d’emploi et porteur de croissance, dans un contexte de mise en œuvre prochaine de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). A cet effet, les échanges ouverts avec les présidents des patronats et des chambres de commerce, tenus à Douala le 28 juillet 2023, seront poursuivis et élargis aux États membres de la Cemac. Il s’agira également de mener toutes les actions requises afin de capter, capitaliser et catalyser le dynamisme des jeunes entrepreneurs de la sous-région, de procéder à la révision et à l’adaptation de la Charte des investissements de la Cemac, adoptée en décembre 1999.  


La facilitation du transport et du transit étant une préoccupatio...

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