Responsabilité sociétale des entreprises : au-delà de l’affichage

Les dénonciations par les groupes de pression des risques environnementaux imputés à certaines entreprises et les récurrents conflits fonciers qui opposent les populations riveraines à certaines filiales des multinationales ponctuent l’actualité autour de la responsabilité sociétale (ou sociale) des entreprises (Rse). Ce concept né de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement, connue sous le nom de Sommet « planète Terre », en juin 1992, à Rio de Janeiro (Brésil), est défini simplement comme la prise en compte des préoccupations environnementales et sociales des populations riveraines par les entreprises.  En d'autres termes, la Rse désigne la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Dans l’esprit de ce concept, la performance des entreprises modernes ou « socialement responsables » n’est plus axée uniquement sur la rentabilité financière mais aussi et surtout sur sa contribution au développement de son milieu d’implantation. 
Le Cameroun s’est montré volontariste et avant-gardiste dans cette mouvance. Juste après le sommet de Rio, le pays a inscrit dans sa réforme constitutionnelle du 18 janvier 1996, le principe de la protection de l’environnements. Dans le préambule de la loi fondamentale, on peut y lire que « toute personne a droit à un environnement sain », « la protection de l’environnement est un devoir pour tous », « l’Etat veille à la défense et la promotion de l’environnement ». C’est aussi dans l’optique d’arrimer le Cameroun à cette nouvelle dynamique que le ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable voit le jour. Un certain nombre de dispositifs législatifs et réglementaires sont également élaborés dans ce sens, traduisant ainsi les engagements internationaux du pays pris au sommet de Rio.  On peut citer entre autres la loi cadre du 5 août 1996 relative à la gestion de l’environnement, le décret du Premier ministre du 14 février fixant les modalités de réalisation des études d’impact environnemental et social. Par ailleurs, le Cameroun a signé et ratifié plusieurs traités et conventions liés à la Rse ( Traité relatif à la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale, Convention cadre sur les changements climatiques, Protocole de Kyoto, Convention sur la diversité biologique, Convention de Vienne pour la protection de la couche d’Ozone, Convention sur le commerce international des espèces de faune ou de flore sauvage menacées d’extinction etc…).
Malgré l’existence de ces dispositifs législatifs et réglementaires, la Rse reste encore au niveau de l’ambition au Cameroun. Si quelques multinationales ont mis en place des fondations pour mener des actions sociales, celles-ci restent encore dans le domaine du symbolisme et de la philanthropie vendue à grand renfort de publicité aux médias. De même, le concept d’ « entreprise citoyenne » en vogue au Cameroun tend à galvauder la notion de Rse. Par « entreprise citoyenne » ou « responsable », il faut entendre l’entreprise qui paie ses impôts et qui publient régulièrement son chiffre d’affaires. Dès lors, la Rse est diluée dans des considérations confuses et tarde à rentrer dans les pratiques managériales. D’autre part, on note une asymétrie entre la réalité et ce qu’affichent les entreprises sur le terrain. En cause, les textes légaux existants, extrêmement lacunaires et disparates et qui manquent de précisions et de force contraignante sur la mise en œuvre de la Rse. Le cadre législatif et réglementaire prévoit par exemple une fois l’étude réalisée, que l’entreprise établisse et mette en œuvre un plan de gestion environnementale et sociale (Pges) qui doit permettre de réduire les impacts négatifs de ses activités. Cette mission de veille et de suivi incombe à l’administration à travers le ministère en charge de l’environnement.  Mais à cause parfois des contraintes budgétaires et de l’insuffisance des ressources humaines dédiées, ce volet du contrôle reste faible. La réalité saute aux yeux :  trop peu d’entreprises multinationales quelles que soient leurs tailles ont des sièges dignes de ce nom. Certaines, créées au lendemain des indépendances, sont toujours logées dans des bâtiments loués. D’autres se préoccupent peu ou pa...

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