« Les relations entre les deux pays s’intensifient à travers des actes concrets »

Dr Saliou Abba, chargé de recherche, spécialiste en histoire politique et des relations internationales, Centre national d’éducation, ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation.

Après le forum Russie-Afrique, Moscou a inauguré une autre plateforme de coopération qui est la conférence des ministres des Affaires étrangères dont la première édition a eu lieu le weekend dernier à Sotchi. Qu’est-ce qu’un tel cadre de discussion peut apporter de plus à ce qui se fait déjà ?
La première Conférence ministérielle du Forum de Partenariat Russie-Afrique qui s’est déroulée ce dimanche 10 novembre 2024 dans la ville de Sotchi, en Russie, est une plateforme multilatérale résultante de la rencontre de haut niveau initiée lors des sommets Russie-Afrique de 2019 et de 2023. Ce nouveau format permet aux pays africains et à la Fédération de Russie de définir les modalités de mise en œuvre des résolutions prises par les différents chefs d’État lors desdits sommets, en l’occurrence la Déclaration et le Plan d’action 2023-2026. Contrairement aux cadres de discussions précédents qui étaient très restreints, cette initiative marque un tournant décisif dans l’intensification de la coopération russo-africaine, en apportant un nouveau contenu dans tous les domaines susceptibles de contribuer au renforcement de l’amitié russo-africaine.


De manière globale, comment appréciez-vous la coopération russo-camerounaise ?
Les relations diplomatiques entre le Cameroun et la Fédération de Russie remontent à la période post-indépendance (URSS à l’époque). Depuis lors, ces relations, somme toute timides à cause de la conjoncture historique de la Guerre froide, n’ont cessé de s’intensifier à travers des actes et des réalisations concrètes. Nous en avons pour preuves la signature des accords de défense à Moscou en avril 2022, l’ouverture d’un centre d’éducation et d’enseignement de la langue russe à Douala en 2019, l’ouverture d’un centre culturel russe à Yaoundé en 2022. Nous avons également la formation et l’équipement dans le domaine de la protection civile, la présence des investisseurs dans le secteur énergétique, sans compter les échanges culturels et scientifiques via les bourses d’études, et enfin la participation du président de la République Paul Biya au Sommet Afrique-Russie en 2023. Ces faits constituent à mon sens des indicateurs d’une coopération russo-camerounaise fructueuse et modulée aux réalités politiques et géopolitiques.


Que doit faire notre pays pour profiter au mieux de l’intérêt grandissant de la Russie vis-à-vis de l’Afrique ?
Il est observé un vaste redéploiement diplomatique de la Fédération de Russie en Afrique. Il n’est plus besoin de le rappeler, cette dynamique résulte des conjonctures géopolitiques et géostratégiques causées par la crise en Ukraine et l’aspiration des pays du monde, notamment les pays du Sud, à un paradigme multipolaire. L’offensive russe en Afrique constitue de ce point de vue une véritable opportunité à saisir afin d’avoir voix au chapitre en ce qui concerne la gestion des affaires internationales. C’est ce qu’a réitéré d’ailleurs Serguei Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors de cette conférence en ces termes : « Le continent africain doit être et sera l’un des centres du monde multipolaire. » Pour ce faire, le Cameroun doit réadapter ses dispositifs politique, économiqu...

Reactions

Comments

    List is empty.

Lead a Comment

Same category