Guruna : au cœur des arts de vivre Massa

Le peuple Massa vient d’inscrire au panthéon culturel mondial l’une de ses pratiques les plus anciennes et les plus structurantes. Quelques mois seulement après l’inscription des paysages naturels de Diy-Gid-Biy du Mayo-Tsanaga, au patrimoine mondial de l’humanité, la région de l’Extrême-Nord signe un nouvel exploit patrimonial.
Pratique séculaire à la fois initiatique, pastorale, artistique et communautaire, le Guruna est bien plus qu’un simple rituel, c’est une école de la vie. Une fois par an, jeunes garçons, adultes et détenteurs du savoir quittent les villages pour une retraite d’environ 10 kilomètres, auprès du bétail, dans un camp proche d’un point d’eau. Là, au cœur d’un isolement voulu, se transmettent les valeurs fondatrices du peuple Massa : l’histoire du groupe, les techniques d’élevage traditionnel, les soins vétérinaires, la lutte, la musique, la danse, l’artisanat… Nourris principalement de lait, symbole de force et de pureté, les initiés apprennent discipline, solidarité, respect des aînés et cohésion sociale. Les filles, quant à elles, jouent un rôle essentiel dans la préparation des repas et des ornements, dans un modèle complémentaire valorisant.
Cette vitalité communautaire a convaincu le Comité interministériel de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Le dossier porté conjointement par le Cameroun et le Tchad, répondait pleinement aux critères d’inscription : transmission intergénérationnelle vivante, participation active des communautés Massa, mesures de sauvegarde solides, inscription préalable dans les inventaires nationaux et contribution au dialogue culturel international. L’UNESCO a également salué la dimension environnementale et économique du Guruna, fondée sur des techniques pastorales durables, la fertilisation traditionnelle des sols et ...