Affaire Martinez Zogo : le témoignage de Xavier Messe

« Monsieur Xavier Messe, avec du recul, s’il vous était donné d’assurer à nouveau la couverture médiatique de cet évènement, agiriez-vous de la même manière ou changerez-vous de méthode ? », demande le colonel Jacques Messe Njone.  Réponse : « Je changerais de méthode ». Le président du Tribunal entre ainsi en scène vers 15h après un long et épuisant jeu de questions-réponses entamé autour de 11h20. D’abord entre Xavier Messe et le Ministère public, qui l’a invité à comparaître. Ensuite entre le journaliste et les avocats (partie civile, Etat du Cameroun, défense). Et enfin, le face-à-face entre le témoin et les accusés. 
L’enseignant de journalisme se retrouve au Tribunal militaire de Yaoundé pour une raison précise. Dans une interview accordée à Balafon FM le dimanche 22 janvier 2023, Xavier Messe avait affirmé que « Martinez Zogo avait été enlevé mardi soir et assassiné le lendemain, c’est-à-dire le mercredi 18 janvier autour de 3h du matin. J’ai été informé vers 5h par un coup de téléphone. J’ai été parmi les toutes premières personnes à être informées de son assassinat, mais je n’avais pas le droit d’informer les personnalités. Fallait laisser que ce travail soit fait par les personnes indiquées. »
Ce mercredi 17 décembre 2025 au Tribunal militaire, beaucoup voulaient comprendre. « Comment avez-vous appris le décès de Martinez Zogo ? », questionne un des représentants du Ministère public. « C’est Zéphirin Koloko qui m’avait appelé. Il m’avait dit qu’on l’a tué. Je lui avais demandé s’il était sûr de sa source. Il a répondu par l’affirmative. C’est une conversation qui doit avoir duré 15 secondes. Pas plus », répond-il. « Où avez-vous trouvé tous les détails que vous avez rendus publics et qui ont été confirmés par l’autopsie ? », demande un avocat. « J’avais vu les images à la télévision. C’était sur les réseaux sociaux. Ce n’était plus un secret », affirme Xavier Messe. L’avocat insiste : « C’était sur quelle chaîne de télévision ? » « Je ne peux plus me rappeler », ajoute le témoin.  Un autre revient à la charge : « Vous avez dit qu’il avait été mutilé, sodomisé. Quelles étaient vos sources ? »  Messe : « Les journalistes collectent des informations chez plusieurs sources. Je lisais beaucoup. J’échangeais aussi avec des confrères. Les détails que je donne dans cette interview me viennent de ces sources. Je n’ai pas inventé. » 
Des heures s’écoulent. Les questions fusent toujours. Inquiet, le président du tribunal demande au témoin s’il y a une chaise près de lui. « Monsieur le président, j’ai l’habitude de tenir huit heures debout », lance Xavier Messe. Rires dans la salle d’audience. Mais les choses sérieuses reprennent très vite. « Pourquoi avez-vous rédigé une lettre d’excuses ? », interroge un autre conseil. Réponse : « La commission mixte d’enquête m’a mis devant un dilemme. Ils m’ont dit : vous vous excusez ou on vous garde ici. Je n’avais pas le choix. » « Qu’avez-vous dit dans cette lettre », relance l’avocat ? » Répo...