Petites mains aux commandes

Pendant près de 30 ans, Jeanne d’Arc Elanga a fait de la conduite des gros porteurs son gagne-pain.

Sa corpulence peu robuste et son air calme lui donnent une apparence frêle. Mais ne vous y fiez pas ! Jeanne d’Arc Elanga, la soixantaine sonnée, manie au quotidien les gros porteurs avec une dextérité qui n’a d’égale que sa riche expérience. Avec près de 30 ans de conduite dans les bras, elle effectue deux fois par jour ce trajet Yaoundé-Ebolowa ou Yaoundé-Sangmelima à bord de son coaster nommé « Sonia », pour le compte de la société de transport Alpha Jet. Pas d’hotesse, ni de motor boy, elle est l’unique capitaine à bord.
Ne lui parlez pas d’amour ou de vocation. Le métier de conducteur, Jeanne d’Arc Elanga l’a embrassé d’abord par nécessité. Couturière de formation – le métier que son père lui a demandé d’exercer avant son décès - elle se lance d’abord de façon indirecte. « Je disposais d’un véhicule que je mettais à la disposition d’un chauffeur moyennant recette. Mais il n’était pas toujours honnête, tout comme ceux qui lui ont succédé. En plus, à l’atelier de couture, les clients devenaient rares puisque c’était la période des villes mortes », se souvient-elle. C’est alors que Jeanne D’Arc, telle sa glorieuse homonyme, décide de démarrer son véhicule pour exercer l’activité de « clando » entre Yaoundé, Esse et Akonolinga. Conseillée par un ami, elle se résout à régulariser sa situation, obtient une attestation de capacité. Et au début des années 2000, elle est recrutée par la société de transport Buca Voyages. Elle en repart cinq ans plus tard à la suite d’une brouille et ne tarde pas à déposer ses valises à Alpha Jet. « Les gens étaient surpris et venaient de partout pour me voir. Certains passagers se sentaient rassurés de savoir que je suis au volant. Les femmes étaient contentes. Il m’est même arrivé de recevoir de l’argent», raconte-t-elle.
Mais il y a aussi eu de grandes frayeurs, comme cet accident survenu vers Mbalmayo en 2013, lorsqu&...