« L’annonce du président de la République est cohérente et réaliste »

Issa Tchiroma Bakary, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

Monsieur le ministre, dans son message à la Jeunesse le 10 février dernier, le chef de l’Etat a annoncé la création de 600 000 emplois par an. Certains observateurs estiment que c’est un chiffre trop ambitieux. Qu’en dit le ministre de l’Emploi ?
Le ciblage de 600 000 emplois par an que vient d’annoncer le président de la République, chef de l’Etat, S.E Paul Biya, dans son message à la Jeunesse le 10 février, s’inscrit en droite ligne des objectifs stratégiques du Plan d’Actions Prioritaires (PAP) 2020-2030 de la politique nationale de l’emploi. Faudra-t-il le rappeler qu’en exécution des hautes directives du Premier ministre, chef du gouvernement, notre Document de politique nationale de l’emploi vient d’être revisité et aligné à la Stratégie nationale de Développement (SND30) et la mise en œuvre de son PAP à l’horizon 2030 vise effectivement la création d’au moins six millions d’emplois durant cette période de référence, soit 600 000 emplois par an dans divers domaines d’activités. Il est évident que le potentiel de création repose sur les emplois directs. Cela veut dire que lors de l’exécution des projets d’investissement publics, des milliers d’emplois indirects vont également être créés. A titre d’illustration, nos estimations montrent que si chacune des 210 000 entreprises formelles que compte notre pays recrutent trois personnes du fait d’un départ à la retraite ou d’une extension d’activité, 630 000 postes de travail seront disponibles chaque année. Dans la même veine, l’exécution des Projets et Programmes d’Investissement inscrits dans le Budget d’investissement public pour l’exercice 2022 est évaluée à 1 555,3 milliards de F. Sur la base d’une règle établie par le BIT suivant les opportunités d’emplois ou Work Opportunities (WO), un tel budget peut générer au moins 280 000 emplois, notamment les cadres, les techniciens et les ouvriers, indépendamment de leurs durées d’intervention ou encore du type de contrat qui les lie à l’adjudicataire du marché. Enfin, les projets de développement des communes et des régions vont également susciter la création de nombreuses opportunités d’emplois chaque année. Vous comprenez donc le sens de l’annonce du président de la République, cohérente et réaliste. 

Quels sont les secteurs porteurs qui peuvent permettre d’atteindre cet objectif ?
L’agriculture, l’élevage, la pêche et le commerce sont les branches d’activités créatrices d’emplois et de richesse au Cameroun depuis 1993.  Raison pour laquelle le président de la République, Son Excellence Paul Biya, dans l’une de ses adresses à la nation, a fait savoir : « …Notre agriculture dont j’aime à dire qu’elle est notre principale richesse, a vocation, elle aussi, à devenir industrielle » et de conclure : « il n’y a pas de grand pays sans industrie ». Vous comprenez aisément que l’émergence de notre pays passera inéluctablement par la transformation structurelle de son économie et la politique ambitieuse d’import-substitution. Dans cette optique, la veille stratégique et l’intelligence économique préconisées par le Plan directeur d’industrialisation (PDI) ciblent trois sanctuaires industriels nationaux à transformer et à développer notamment ; l’énergie, l’agro-industrie et le numérique. Et sur la base de cinq piliers essentiels dudit PDI (forêt-bois, textile-confection-cuir, hydrocarbure-raffinerie, chimie-pharmacie et mines-métallurgie), les jeunes trouveront d’énormes opportunités d’emplois. En outre, au titre des secteurs dont les investissements créent plus rapidement d’emplois, nous pouvons relever le secteur de réparation et installation des machines, le secteur des BTP, l’hôtellerie et la restauration. 

En dehors de l’implication grandissante annoncée des CTD, qu’est-ce que le Gouvernement fait au quotidien pour la promotion de l’emploi des jeunes ?
Plusieurs initiatives gouvernementales sont mises en œuvre au quotidien en vue de favoriser l’accès à l’information, à l’orientation, à la formation professionnelle et à l’emploi des jeunes. 
L’Etat a mis en place des dispositifs institutionnels qui mettent à la disposition des jeunes et de la communauté nationale, des informations sur les opportunités qu’offre le marché du travail, tels que : l’Observatoire national de l’Emploi et de la Formation professionnelle (Onefop) qui collecte, analyse et diffuse les informations sur les tendances du marché de l’emploi et de la formation professionnelle et suggère au Gouvernement des actions opportunes en faveur de la promotion de l’emploi décent ; l’Observatoire national de la Jeunesse (ONJ) qui offre également aux jeunes la possibilité de se faire enregistrer, en tant que jeune, éligible au bénéfice des facilités que l’Etat met à la disposition de cette catégorie de personne ; le Fonds national de l’Emploi (FNE) qui est le bras séculier du Gouvernement en matière d’insertion socio-professionnelle ; les centres d’informations et d’orientation professionnelles (CIOP) qui sont des  initiatives dédiées à l’accompagnement des jeunes. 
A ce titre, la densification de l’offre de formation professionnelle au profit de la jeunesse de notre pays permet de disposer à date, de 294 centres publics de formation relevant de mon département ministériel et de 894 centres publics de formation professionnelle spécialisés placés sous la tutelle technique des autres départements ministériels ; 815 centres de formation professionnelle privés agréés mènent des activités de formation professionnelle, sans compter les écoles et instituts...

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