Vaccination : n’ayons pas peur !

Le paludisme fait des ravages en Afrique.

 


« Le paludisme ou malaria est l’une des maladies les plus meurtrières en Afrique. Elle est transmise par un moustique appelé anophèle. Pour le moment, il n’y pas de vaccin contre le paludisme. » Tel est le résumé, à quelques mots près, du cours de sciences naturelles qui était dispensé par les maîtres aux élèves des classes de cours moyens des écoles primaires il y a encore quelques années. Le contenu de cet enseignement va changer. Si la malaria reste l’une des grandes tueuses en Afrique, elle a désormais un remède efficace. Elle vient de se trouver un antidote. La solution a pour nom RTS,S. Ce vaccin a été mis en place par l’Alliance pour les vaccins et l’immunisation (GAVI), en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Le monde a besoin de bonnes nouvelles – et celle-ci en est une », a déclaré David Marlow, Directeur exécutif de Gavi, l'Alliance du vaccin, lors de la sortie des laboratoires.
Dans le petit verbatim des commentaires qui saluent la trouvaille, celui de Catherine Russel, Directrice générale du Fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF) frappe par sa tonalité. Elle utilise une image qui mobilise. Celle du football. « L’introduction du vaccin, c’est un peu comme l’entrée sur le terrain du meilleur joueur. », a-t-elle commenté. Dans sa première phase de déploiement, le vaccin cible une dizaine de pays, dont le Cameroun. Il va commencer à être administré aux enfants de 0 à 5 ans en janvier prochain dans 42 districts de santé. En janvier justement, l’Afrique vibrera au rythme du football, avec la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Côte d’Ivoire.
Lorsqu’on connaît le pouvoir du football en Afrique, une campagne de communication pour aider les communautés à s’approprier ce nouveau vaccin serait peut-être indiquée, ce d’autant plus que le RTS,S cible en priorité les pays africains. Le commentaire de Catherine Russel pourrait alors se muer en un beau slogan de « com ». Parce que l’une des contraintes identifiées par les experts en matière de communication sur les problématiques de santé publique réside sur l’efficacité des stratégies. On l’a vu avec le Covid-19, le choléra, la tuberculose et bien d’autres maladies avant. On le perçoit déjà avec le nouveau vaccin sur le paludisme. José Manuel Barroso, Président du Conseil d’administration de Gavi a rapidement « diagnostiqué » les « bruits » autour du nouveau produit qu’il est venu promouvoir.
Le PCA de Gavi qui venait d’escorter dans notre pays plus de 330 000 doses du vaccin antipaludique RTS,S recommandé par l'OMS, a présenté les enjeux de cette découverte qui va représenter une étape historique vers la vaccination à plus grande échelle contre l'une des maladies les plus meurtrières chez les tout-petits. La polémique sur le choix du Cameroun dans l’expérimentation de cette solution, n’a pas tardé à jaillir. Les polémistes, par ignorance ou par mauvaise foi, ont tôt fait d’oublier que depuis 2019, le Ghana, le Kenya et le Malawi administrent le vaccin contre le paludisme dans certains de leurs districts, avec des résultats spectaculaires, selon un schéma à quatre doses qui débute vers l'âge de 5 mois, selon l’OMS.
Manuel Barroso n’a donc pas hésité à mettre les points sur les i lors de la conférence de presse conjointe qu’il a donnée en compagnie du ministre de la Santé publique, le Dr Manaouda Malachie. L’ancien Premier ministre du Portugal et ancien Président de la Commission européenne a tenu à lever certaines équivoques lors de l’échange avec la presse.
Le plaidoyer de Gavi qui se positionne comme un efficace instrument de promotion de la vaccination était guidé par une volonté de clarifier sur le process scientifique ayant conduit à la découverte de ce vaccin, qui à peine né, est déjà (injustement) querellé par quelques esprits retors. Il n’est pas superflu de mentionner que des chercheurs et scientifiques camerounais de renom, notamment le Pr. Rose Leke, ont travaillé avec l’équipe-projet ayant mis en place ce nouvel outil. L’opération de charme de l’état-major de Gavi en terre camerounaise visait ainsi à rassurer les autorités gouvernementales, les parlementaires, la société civile, les leaders politiques, religieux, les autorités traditionnelles, les diplomates. Dans les sociétés africaines, beaucoup d’appréhensions escortent toujours l’avènement d’un vaccin. Surtout quand il cible les couches vulnérables comme les enfants ou les femmes. Il y a beaucoup de préalables à lever et de malentendus à dissiper au moment où le RTS, S s’apprête à entrer en scène. Quelques données sur cette tueuse.
Le paludisme fait des ravages en Afrique. Selon l’OMS, un enfant de moins de cinq ans en meurt pratiquement toutes les minutes. En 2021, 247 millions de cas de paludisme ont été recensés dans le monde, et 619 000 patients en sont morts ; 77 % de ces décès concernaient des enfants de moins de cinq ans, la plupart en Afrique. Avec 95 % des cas mondiaux de paludisme et 96 % des décès liés à cette maladie en 2021, le continent africain est celui qui est le plus lourdement touché par le fléau.
Dans une interview accordée à Cameroon Tribune le 4 décembre dernier, le Dr Marthe Essengue Elouma, Responsable régionale de l’Alliance Gavi pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, faisait remarquer que « le Cameroun fait partie des 11 p...

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