Charbon: Ebolowa tient son or noir

La production et la vente de ce produit permettent aux acteurs d’avoir des bénéfices de l’ordre de 50.000 à 300.000 F par mois.

Une entrée boueuse. Jonchée de débris de bois enfouis dans le sol et servant de passerelle. Le tout, couvert d’une couche presque épaisse de fumée émanant des fours aménagés de part et d’autre de ce site de production du charbon. « Cinq clous »,  quartier situé à l’entrée nord d’Ebolowa, est reconnaissable aux jets de fumée qui surplombent et arrosent le coin.  En cette matinée de juin 2017, le ciel est si lourd que les faibles rayons de soleil peinent à filtrer. Au milieu des sacs de charbon entassés et prêts pour la vente, des jeunes hommes et femmes s’affairent à la tâche : transformer le bois en charbon.  

Parmi eux, Alfred Bounou, plus connu sous le sobriquet de « Oncle », la mine défraîchie, des vêtements en lambeau, un sourire permanent aux lèvres. « Oncle », vigile de profession, s’est retrouvé dans cette activité il y a plus d’un an. Et ce, après avoir accumulé plusieurs mois d’arriérés de salaires, susurre-t-il, la mine serrée. La matière première, le bois, s’obtient dans la scierie juste en face. Les charbonniers parlent de « l’ambassade du charbon ». La benne de bois, qui coûtait 25.000 F il y a quelques mois vaut aujourd’hui 40.000 F, explique « Oncle ». Cette fluctuation a induit l’augmentation du prix du sac de charbon qui est passé de 3000 à 3.500 F, poursuit-il.

Même s’il précise avec dépit que les clients, venus principalement de Douala et Yaoundé, ne sont plus réguliers du fait des multiples contrôles, il admet tout de même se faire du beurre. « Je peux faire des recettes de l’ordre de 40 à 50.000 F. Quand nos grands clients venaient, je faisais des recettes de 300.000 F par jour, à raison de 100 sacs vendus », évoque-t-il avec nostalgie. La production et la vente du charbon ont permis à notre « Oncle » d’être, entre autres, propriétaire d’une moto en circulation dans la ville. Denise Mvondo, charbonnière, a démissionné de la culture du cacao pour s’investir dans le charbon. Et elle s’en lèche les doigts. « La vente du charbon m’a permis de construire une maison de quatre chambres et j’aide régulièrement mon mari dans la gestion de certains problèmes familiaux », se réjouit-elle. 

Les difficultés, les charbonniers en connaissent. Il y a l’inhalation quotidienne de la fumée « toxique », pour certains types de bois, qui entraîne certaines maladies, les fluctuations imprévisibles des prix. Mais il y a également des exigences, comme le payement de la somme de 5.000 F par trimestre aux services d’hygiène, sans oublier le payement des frais de protection de l’environnement à hauteur de 200.000 F.  

Interview

Georges Mouncharou:  « Le charbon est très rentable »

Délégué régional des Forêts et de la Faune (Minfof) pour le Sud.

Comment en est-on arrivé à créer un site de production du charbon de bois ?

La scierie d’Ebolowa avait un problème de gestion des déchets. L’idée de produire du charbon vient du souci de rentabilisation des déchets. Quand on met des grumes dans les scieries, les rendements sont autour de 40%. Pour les structures qui ont une grande capacité de production, il est question de valoriser les 60% de déchets. Et sur ces 60%, il y a environ 20% qu’on utilise sous forme de lattes, de planches, etc. Après tout cela, il y a à peu près 40% qu’on ne parvient pas toujours à valoriser. Il était question de voir dans quelle mesure transformer ...

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