Pr Narcisse Mouelle Kombi:« Le secteur souffre de la piraterie et de la contrefaçon »

Ministre des Arts et de la Culture, explique.

 

Monsieur le ministre, une conférence régionale de haut niveau sur l’industrie de l’édition en Afrique commence ce jour. Est-ce à dire que la situation dans ce secteur est si préoccupante ?


Préoccupante, peut-être pas, mais il faut dire que la situation du secteur du livre est assez contrastée. D’un côté, le livre scolaire génère d’énormes ressources qui cependant, ne bénéficient pas prioritairement à l’industrie locale du livre. D’autre part, vous avez le secteur de la littérature générale qui connait de nombreux soucis. Et le livre scolaire tout comme la littérature générale connaissent d’énormes difficultés pour ce qui est de la diffusion et de la distribution. Ils souffrent par ailleurs d’énormes problèmes de piraterie et de contrefaçon. Voilà l’état des lieux. Il est donc important de partir de cet état des choses pour améliorer ce qui doit l’être ! Par conséquent, vous conviendrez avec moi que pour aboutir à une plus grande vitalité du secteur et à son développement harmonieux, il est nécessaire d'aménager en amont, des préalables qui garantissent aux acteurs du secteur, un total épanouissement. Il s’agit de poser les jalons qui définissent un environnement assez propice à une excellente opérationnalité des affaires dans les industries du livre.

 

Justement, que valent-elles ?


Juste à titre d’illustration, les industries culturelles pèsent, selon certaines estimations, 1,3 million d’emplois en France, ce qui représente plus du double des emplois liés à la production automobile et huit fois ceux du secteur de la chimie, avec plus de 4,2% du PIB de l’Union Européenne. La difficulté aujourd’hui est de disposer de telles statistiques sur les pays africains et particulièrement le Cameroun, même si nous savons que le potentiel est important. Nos professionnels rencontrent justement un certain nombre de soucis et de difficultés qui mériteraient une attention plus accrue du gouvernement. L’organisation de cette Conférence de haut niveau est donc d'une importance capitale dans ce sens qu'elle entend apporter une réponse institutionnelle significative aux problèmes de l'industrie de l'édition en Afrique de manière globale, au bénéfice de tous les acteurs du secteur. La preuve de l'importance que l’État accorde à ce secteur est le fait que cette conférence est placée sous le très haut patronage du président de la République, Son Excellence Paul Biya.

 

Quels sont les principaux obstacles à l’émergence de l’industrie du livre sur le continent en général et au Cameroun en particulier ?


D'emblée, il faut rappeler que le thème de la conférence à lui tout seul, est évocateur d'un certain idéal auquel on aspire. Intitulée « Le secteur de l'édition en Afrique et son rôle dans l'éducation et la croissance économique », cette conférence de haut niveau, qui associe le secteur de la culture aux secteurs de l’éducation et de l’économie entend de manière globale identifier des projets concrets de nature à de développer l'industrie du livre en Afrique. Une démarche qui nous convie volontiers à diagnostiquer la situation de l'édition en Afrique où elle rencontre un certain nombre d'écueils, parmi  lesquels l'amateurisme de certains acteurs du livre, la disparité des politiques publiques en matière de livre, les coûts onéreux des livres, une réglementation parfois inappropriée, etc. Au Cameroun plus précisément, nous pouvons souligner la problématique du manuel scolaire dont le coût empêche l'accès au livre à un plus grand nombre, sans oublier le désintérêt des mécènes et des banques à accompagner les éditeurs. Autant de pesanteurs qui fragilisent l'essor véritable de l'industrie du livre et de la lecture en Afrique. Cette conférence est donc le cadre idéal pour proposer des solutions pérennes. C’est pourquoi, il faut saluer à sa juste mesure, la contribution de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) pour son soutien à la tenue de cet événement qui est une conférence de grande envergure que le Cameroun peut se féliciter d’abriter.

 

Avec la dématérialisation de la culture, pensez-vous que le numérique puisse sauver ce secteur ?


Le numérique certes offre aujourd’hui de nombreuses possibilités d’augmenter les revenus des opérateurs, dans un contexte où les utilisateurs de la musique, de la presse et du livre diversifient effectivement leurs usages traditionnels. Toutefois, la dé...

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