« La balle est dans le camp du secteur privé »

Pr. Touna Mama, coordonnateur général du Cameroon Business Forum.

Si on emprunte au langage des amphis, quelle note attribueriez-vous au CBF après 10 ans de fonctionnement ?

En tant que coordonnateur général du Cameroon Business Forum (CBF), je ne peux me noter moi-même. Cependant, en dix ans, je peux observer que le CBF a beaucoup évolué. L’édition de cette année, comme tout le monde a pu le remarquer, était très particulière. D’abord du point de vue de la forme, et du déploiement, nous avons mis la rencontre aux standards internationaux. Au-delà de la forme, on peut dire au fond que nous avons également beaucoup progressé. Le dialogue avec le secteur privé est beaucoup plus profond. Les méfiances sont minimes. Les privés voient bien que les pouvoirs publics sont disposés à les accompagner. C’est le privé qui a choisi le thème et proposé que l’on passe d’une plénière à plusieurs ateliers thé matiques suivis de plénières. S’il est objectif, l’intervenant privé à ce CBF reconnaîtra qu’il n’y a jamais eu cela en dix ans.

Pourtant ces acteurs du secteur privé trouvent que le bilan du CBF est mitigé. Que leur répondez-vous ?

Le secteur privé ne fait pas son autocritique. Voilà sa principale faiblesse. Je prends l’exemple suivant pour l’illustrer : le CBF avait recommandé que le secteur privé ait une plateforme où elle prépare et exprime ses points de vue. Dix ans après, ses acteurs ne l’ont pas encore fait.

Qui peut donc agir de manière décisive pour que la situation change ?

La balle est dans le camp du secteur privé. Quand vous discutez avec les patrons du privé, vous remarquez au moins deux choses, en commençant par le surdimensionnement des egos. Je regrette de le dire mais chacun se croit le plus beau, le plus fort et les organisations patronales sont dans cette optique utilisées comme fonds de commerce. C’est pour cela que, quand on veut les rassembler, chacun souligne qu’il a des spécificités, etc. Deuxièmement, vous avez dû entendre les ministres demander que les privés s’organisent par filière. Eux, en revanche, veulent jouer au rentier, investir et s’endormir sur ces investissements en profitant des rentes qui tombent. Ils n’investissent pas, ils ne prennent pas de risques, rechignent à payer les impôts et attendent que l’Etat s’occupe de leurs affaires. Cela ne s’est vu dans aucun pays.

A travers le thème de ce CBF, on comprend pourtant que le gouvernement compte sur le secteur…

C’est un thème qui se justifie pleinement car le chef de l’Etat a demandé que l’émergence soit une cause nationale. Il faut donc que tous les acteurs de la scène publique réfléchissent sur la question de l’émergence économique du Cameroun. Moi-même, avant que le chef de l’Etat ne le demande, comme chercheur et conseiller du gouv...

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