Stress et violences domestiques : les effets secondaires du Covid

La pandémie a changé les comportements habituels mettant à mal la sérénité au sein des foyers

7h au quartier Etoug-Ebe à Yaoundé samedi dernier. Pierre O, 35 ans, va au « beignetariat » du coin. Depuis quelques mois, c’est devenu un rituel. La mine serrée, le jeune homme parle tout seul le long de son trajet avant d’arriver chez « Mama Assah », la tenancière. Il n’est pas le premier client, mais son heure est toujours respectée. Ravie de le voir, Mama Assah lance : « Comme d’habitude mon fils ? » En réalité, manger à la maison n’entre plus dans les habitudes de Pierre O. Il n’y va que pour se coucher ou prendre son bain. Sans regarder la vendeuse, il hoche tout simplement la tête. En conversant avec la dame, Pierre exprime son courroux. « Ma femme me manque de respect tous les jours. Elle vient de me dire que je ne servais à rien à la maison. Et comme j’évite de la violenter, je suis parti ». En effet, le jeune homme employé dans une société privée de la place a perdu son travail il y a exactement trois mois. Il n’est pour autant pas le seul dans l’entreprise à avoir été licencié. Mais pour son épouse c’est un échec. L’homme n’ayant plus aucun revenu, c’est son épouse qui désormais subvient aux besoins de la famille. Pierre lui, en a marre des propos injurieux et rabaissants de cette dernière. « J’essaie de faire comme je peux mais je n’en peux plus. Si ce n’était pas parce qu’elle est enceinte, j’allais partir très loin », poursuit Pierre.

Pierre O. n’est malheureusement pas le seul à vivre cette situation. Au ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (Minproff), la table du directeur de la Promotion et de la Protection de la famille et des droits des enfants, Côme Parfait Zoa Mbida, est encombrée de requêtes. L’on y apprend que depuis les mesures de restriction ayant entraîné un certain confinement des individus à domicile, les tensions sont exacerbées. Chaque semaine, une quinzaine de dossiers sur les conflits conjugaux et familiaux sont traités.

Pour les responsables du Minproff, certaines familles ont du mal à gérer la cohabitation à plein temps. C’est ainsi que naissent frustrations, injures, violences verbales et même psychologiques. Emmanuel Atangana est bien conscient de la peine qu’il cause à ses enfants depuis qu’ils sont confinés. Exerçant comme enseignant, il est contraint de rester à la maison avec sa progéniture. Situation inédite selon lui, qui l’amène à épouser de nouvelles habitudes. Désormais, l’enseignant de 38 ans est vu par ses enfants comme un tortionnaire. Chez lui, il est devenu regardant sur tout et contrôle tout. « La maison ne disposant qu’un seul écran de télévision, la divergence normale au niveau des préférences dans les programmes est plus visible que jamais. À un moment donné, j’ai souvent été obligé d’imposer mon véto. Pour exprimer leurs frustrations, les enfants décident le plus souvent de quitter le salon pour se ré...

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