« Une opportunité de repenser notre modèle économique »

Emmanuel Wafo, industriel, président de l’association camerounaise des professionnels de la plasturgie.

Le coronavirus a chamboulé le monde, et le secteur industriel n’a pas échappé à la bourrasque. Votre regard ?

En raison de l’ampleur de la pandémie (3,3 millions de cas dont plus de 2 millions de cas actifs) et surtout de sa rapidité d’expansion, nous avons assisté depuis le début de l’année à un confinement progressif des économies à l’échelle mondiale. Ceci a un impact direct sur les échanges et le commerce international et, par conséquent, nous laisse entrevoir un impact économique énorme avec une baisse du Pib mondial de 7% au cours du premier trimestre 2020 et de 3% sur l’année 2020 selon certains experts, soit trois fois plus que lors de la crise financière mondiale de 2008. Les pertes de production liées à la pandémie sont estimées entre 37 et 79 milliards de dollars en 2020, sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs : la désorganisation des échanges et des chaînes de valeur, qui pénalise les exportateurs de produits de base et les pays fortement intégrés dans les filières mondiales ; la réduction des flux de financement étrangers (transferts de fonds des migrants, recettes touristiques, investissements directs étrangers, aides étrangères) et la fuite des capitaux ; l’impact direct de la pandémie sur les systèmes de santé ; et les perturbations consécutives aux mesures de confinement et à la réaction de la population.

 Quid du secteur industriel en particulier ?

Le secteur industriel, qui représente 15% de l’entrepreneuriat, a reçu un vrai coup de massue. Les industries forestières, textile, brassicole, agroalimentaire, du Btp font partie des 87% du secteur industriel estimant avoir été impactées négativement. Avec une contribution au Pib inférieure à 14%, l’industrie camerounaise, poumon du développement représente, près de 20% de l’emploi au Cameroun. Notre industrie est encore fragile et la crise du Covid-19 l’a davantage surligné. Parmi les conséquences évidentes liées à cette pandémie, nous pouvons parler de la baisse de la production (69%), baisse des ventes (81%), impact sur les ressources humaines (44%) avec comme incidence directe la baisse des frais de l’Etat.

Comment s’en relever ?

Relever l’industrie camerounaise, c’est avant tout freiner, sinon stopper la pandémie, encourager la production locale et développer le patriotisme économique selon le modèle : « Consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons ».

Quelles mesures l’Etat pourrait-il prendre pour accompagner ce relèvement ?

L’Etat peut agir sur plusieurs leviers pour relancer l’industrialisation, par exemple : procéder à des allégements fiscalo-douaniers ; subventionner et financer l’industrie ; stimuler la consommation locale via la commande publique (règlement de la dette int&ea...

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