Musique : les confessions de Magasco

A la rencontre du Golden Boy, riche en projets et fier de ses origines qu’il n’hésite pas à vanter dans ses albums.

Magasco, en mode confinement ? Pas vraiment. L’artiste n’est pas de ceux qui se laissent abattre par la crise sanitaire qui a foudroyé la culture, sur le plan national, et international. Dans sa tête, les projets se bousculent. Il envisage déjà une tournée culturelle en Europe pour dévoiler son style métissé entre sonorités urbaines et traditionnelles dès que ce sera possible. Mais son actu chaude, c’est cette collaboration avec Lady Ponce, sur le très enlevé « Nyang Nyang », un rythme bikutsi qui décoiffe. On connaissait le Magasco chanteur de gospel, puis rappeur, et vedette du dancehall à la Camerounaise. A présent, on découvre le Magasco-bikutsi. Rien d’étonnant pour celui qui adore explorer et fusionner les rythmes de sa région d’origine, le Nord-Ouest, avec ceux du triangle national, et d’outre-frontières. Justement, c’est loin de son Bamenda natal, que l’artiste s’est confié à CT, dans la capitale, à Yaoundé. A l’ombre de la terrasse d’un restaurant branché de la capitale, le Golden Boy comme on l’appelle revient sur la création de son label BBoy Records, de ses featurings et autres coopérations artistiques, mais aussi de son crochet dans la comédie avec Ulrich Takam et Kola sucré.

 

Votre actualité est animée par votre duo bikutsi avec Lady Ponce. Pourquoi ce décalage par rapport à la musique urbaine, votre style habituel ?
Je suis passionné par la culture camerounaise, et en tant qu’artiste musicien, je me suis donné la responsabilité d’urbaniser nos rythmes locaux, afin de présenter au public la musique urbaine sous un angle nouveau. Pour cela, j’utilise les sonorités de différentes cultures. J’ai commencé par adapter celle de mon propre village, de ma région d’origine, le Nord-Ouest, dans des morceaux comme « Kongossa » ou « Wule Bang Bang », dans lesquels j’ai injecté le rythme traditionnel Njang. Cette fois, j’ai choisi de faire du bikutsi, car c’est une sonorité que j’écoute depuis mon enfance. Le faire avec Lady Ponce apporte un plus. Pour moi, c’est la reine du bikutsi, et j’ai eu la chance de travailler enfin avec elle. Pendant que je composais cette chanson « Nyang Nyang », je sentais une connexion entre le Njang et le bikutsi. Je savais que Lady Ponce serait l’artiste parfaite pour l’interpréter, et qu’elle ferait partie de mon double album « Heart » sorti l’an dernier sous mon propre label. Avec mon équipe, on a contacté son manager. Elle a écouté le son, elle l’a tout de suite aimé, et elle a facilité la collaboration.
Quelle plus-value des collaborations avec des artistes d’autres styles apporte-t-elle à votre musique ?
Travailler avec des artistes de renommée internationale comme Lady Ponce ou Jacques Greg Belobo, procure une immense joie et ne peut être qu’une bonne opportunité. Jacques Greg Belobo par exemple a prouvé au monde entier que le Cameroun avait une véritable fibre dans des registres particuliers comme l’opéra. Son travail est out of this world, si je peux m’exprimer ainsi. Il est un croyant, quelqu’un que j’admire, et c’est pourquoi j’ai travaillé avec lui. Lady Ponce c’est pareil, c’est une artiste de talent, qui a apporté à notre chanson quelque chose de magique. Ces artistes de renom ne peuvent qu’apporter un plus à ma musique, et l’enrichir davantage. Et depuis mon premier album « Raw Gold », ces expériences m’ont appris beaucoup de choses, notamment que je pouvais faire de la musique un business, car avant, je ne me préoccupais que de sa qualité. J’ai appris que les chiffres et la gestion financière de sa propre carrière étaient aussi importants que de créer de la musique, afin que celle-ci puisse être entendue et promue. 
Comment connectez-vous le côté traditionnel des rythmes locaux au style urbain ?
Je dois dire que c’est le résultat de plusieurs années d’expérience dans ce registre. J’ai mis du temps, mais je suis parvenu à obtenir des produits métissés. Disons que j’ai pu trouver la formule pour urbaniser nos sonorités traditionnelles. Après le gospel, le premier registre dans lequel je suis rentré dans l’univers musical, j’ai commencé à faire du rap, mais je trouvais qu’il manquait un ingrédient à ma musique. Elle n’avait pas cette culture, cette essence du Cameroun. L’intérêt autour de ce style est porté au-delà de nos frontières, car je constate que les gens d’autres pays sont intéressés par ce travail. N’eût-été le confinement, j’aurais été en tournée européenne pour promouvoir ce métissage entre musique urbaine et traditionnelle.
Vous calquez vos chansons sur les sonorités traditionnelles camerounaises, mais votre musique est quand même très fournie de dancehall jamaïcain et d’afrobeat nigérian…
Je suis un artiste polyvalent. Je n’ai pas vraiment de style fondamentalement défini. Ma responsabilité c’est d’urbaniser la musique traditionnelle. Pour y arriver, il faut écouter un maximum de styles musicaux différents. Depuis mon enfance, j’écoute la musique dancehall, l’afropop, l’afrobeat, entre autres, car c’est nécessaire pour créer cette fusion entre ces musiques et les sonorités traditionnelles. Certaines personnes qui ne maîtrisent pas les similarités entre la région du Nord-Ouest et le Nigeria, en écoutant mon style, disent que je copie la musique nigériane. Je vis à Bamenda, à six heures de route du Nigeria. On a des cultures similaires, car à un certain point, nous avons eu une histoire commune. Nous avons des ressemblances en termes de langue, comme le pidgin par exemple. Pourtant au Nigeria, ils arrivent à faire la différence entre les styles musicaux camerounais et les leurs.
Vous avez justement parlé du gospel comme étant votre porte d’entrée dans la musique. Apr&...

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