Plaies chroniques : le calvaire des patients

A 11h 45, Alfred Che affiche un sourire presque large. Le tibia gauche bandé, l’homme de 75 ans vient d’achever son pansement. Sept mois déjà qu’il est immobilisé après un accident dans son champ à Bafut, dans la région du Nord-Ouest. « Je travaillais et une branche de palmier est entrée dans mon pied. J’ai fait le tour des hôpitaux à proximité de ma localité. Ils n’ont pas pu s’occuper de moi », dit-il. Au bout de trois mois, la plaie s’est infectée. Le père de famille a entendu parler d’un centre de santé spécialisé en plaies. Direction, Yaoundé au quartier Biteng pour une prise en charge. « Je me suis installé dans ce centre médical pendant trois mois parce que mes enfants vivent au quartier Etoudi. Les déplacements auraient été pénibles. Maintenant, je me sens mieux », dit-il. 
Ce patient fait partie de la dizaine d’autres venus consulter ou assurer un pansement ce lundi 24 mai 2021. Une campagne de consultations gratuites est en cours au centre de traitement des plaies de Biteng. Certains des malades présents ont l’habitude. Dans la salle de consultation, Esomba Ntonga fait nettoyer une plaie béante sur son pied gauche. Aucun cri, ni gémissement au passage du coton imbibé d’alcool. « Je ne ressens aucune douleur. Et puis, j’y suis déjà habitué. J’ai cherché pendant longtemps l’espace pour régler ce problème » dit-il. Pendant plus d’un an, il a dû arrêter son métier de chauffeur. « Tout est parti d’une forte douleur dans son pied gauche, il y a deux ans. « J’ai pensé à un moment que j’avais un ulcère. C’est en réalité un problème de veines qui empêchent la circulation sanguine. Il y a deux ans, mon pied avait enflé si bien que je ne portais plus de chaussures et j’ai arrêté de travailler », raconte-t-il. D’hôpital en hôpital, il a soupçonné un ulcère de Buruli. Jusqu’à ce qu’une échographi...