L’inconfort des femmes à barbe

Au-delà du côté esthétique, la forte pilosité chez la femme entendue comme l’hirsutisme, est un mal psychologique et physiologique, pouvant aller jusqu’à la difficulté à enfanter.

Etre une femme et devoir se raser… la barbe, chaque semaine. C’est ce que vit Michèle, une jeune dame rencontrée à Yaoundé. Vers l’âge de 22 ans, au moment de sa première grossesse, elle note une pilosité anormale sur son visage. « J’ai commencé à avoir un poil, deux poils, trois poils avec ma première grossesse, car on m’a injecté pas mal d’hormones. Puis à la deuxième grossesse, j’en ai eu un peu plus. Et en vieillissant, ça s’est vraiment aggravé. Actuellement, j’en ai comme un homme sur tout le visage », remarque-t-elle. Carmelle (nom modifié pour requête d’anonymat) vit avec ce phénomène depuis ses 16 ans. « En fait au départ c’est curieux. Je me pose des questions, car ma mère n’avait que peu de poils au visage. Sa sœur ou mes tantes paternelles, ainsi que ma sœur, n’en avaient pas. Par contre, les cousines éloignées de mon père si. Alors j’ai su d’où ça venait », raconte Carmelle. 
Ce phénomène hormonal s’appelle l’hirsutisme. Il est expliqué par les médecins comme la résultante d’une production élevée de testostérone chez la femme. Il peut être génétique ou dû à la prise excessive d’hormones ou de certains médicaments. L’hirsutisme peut être modéré ou extrêmement grave. D’un côté, quelques poils peuvent pousser à ces dames ici et là, qui sur le menton, qui sur la poitrine, qui sur le dos, qui sur le ventre, etc. D’un autre côté, il n’y a pas un seul espace du visage auquel les poils laissent du répit. Outre le côté esthétique, cet excès de testostérone ajoute une autre problématique à l’hirsutisme. Les problèmes de fertilité, de risques de fausses couches, ou de cycle menstruel irrégulier, compliquent ce trouble hormonal. 
Dans ces cas-là, bonjour préjugés, moqueries et stigmatisation. Ces femmes l’admettent, le regard des autres n’est pas chose facile à supporter. Michèle se rappelle d’une anecdote particulière. « Alors que je sortais d’un séjour à l’hôpital et que je n’avais pas vraiment eu la possibilité de me raser, je suis allée acheter du poulet à la Briqueterie, et les hommes qui le vendent ont refusé de me servir. Il pensait que j’étais un travesti », regrette-t-elle. « C’est terrifiant. Tous ceux qui vous approchent sont aussi curieux de vous découvrir. Ils vous le font savoir directement à travers les mots. On se sent presque nue devant quelqu’un qui nous dévisage, qui est béat devant nous », renchérit Carmelle. Ces femmes hirsutes appelées femmes barbues par la communauté, sont traitées de sorcières, ou prises pour des bêtes de foire. Souvent, quelques hommes leur exigent même de ne pas se raser. « Plus il y a de barbe, plus ils aiment bien ça », disent-ils… Ces attitudes entraînent des traumatismes. Beaucoup de femmes se cachent, d’autres tombent dans la dépression et pensent même au suicide. 
Pour celles qui affrontent l’hirsutisme, se d&eac...

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