« A court terme, le Cameroun n’est pas directement impacté »

Dr Louis-Marie Kakdeu, économiste.

Depuis quelques semaines, on enregistre une envolée sans précédent des prix sur le marché international. Est-ce seulement du fait de la guerre en Ukraine ?
Les envolées des prix sur le marché international ne sont pas simplement le fait de la guerre en Ukraine. Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette situation. La première raison est la baisse de la productivité dans l’essentiel des pays fournisseurs du fait des confinements. Quand vous avez une partie du monde comme l’Europe de l’Est qui est le grenier du monde en ce qui concerne les céréales et qu’il y ait beaucoup de confinements dans cette zone, il est clair que la production mondiale va baisser. De ce fait, en regardant la situation des marchés, les prix ont aussi anormalement augmenté. La deuxième raison tient au fait que depuis le 1er juillet 2020, la Russie, fournisseur du Cameroun à 40% en matière de blé, avait annoncé ne plus exporter son blé en vue de constituer en interne sa propre réserve alimentaire. Et lorsque votre principal fournisseur ne vous approvisionne plus, cela déstabilise le marché. Il y a un effet dans les marchés. Par ailleurs, en dehors de la Russie, certains importateurs se sont retournés vers l’Ukraine. Ces deux pays à eux seuls fournissent à l’Afrique 65% du blé et de céréales. Quand vos deux principaux fournisseurs luttent, il est évident que les populations, les commerçants, etc. vont en payer le prix fort. Ces deux raisons justifient donc ce que nous observons en ce moment. 

Le blé que le Cameroun importe est particulièrement touché. Quel impact pour le marché local ? 
Pour ce qui concerne l’impact sur le marché local, il se situe au moins à trois niveaux. En ce qui concerne les prix, il y a baisse de marges aux importateurs, ce qui suscite des grincements de dents. Ensuite, le marché des pâtes alimentaires et du pain est touché, car jusqu’ici, il n’y a certes pas un problème de pénurie réelle, mais d’augmentation du prix de la matière première. Cela ne se répercute pas encore sur le consommateur parce que les prix du pain sont homologués. Le dialogue social a continué d’avancer et les avantages que les pouvoirs publics accordaient déjà aux importateurs permettent d’amortir un peu le choc. A court terme un pays comme le Cameroun n’est pas directement impacté, mais il faut s’attendre à ce qu’à moyen et à long termes, il y ait une grosse déstabilisation du marché si l’on ne trouve pas une autre filière.

Plusieurs pays africains notamment l’Algérie et la Tunisie, importateurs de blé ont décidé de faire d’importantes réserves. Cette mesure peut-elle être envisageable au Cameroun ?
La solution de la réserve alimentaire est salutaire pour toute économie. Normalement, il fallait y penser depuis très longtemps. D’ailleurs en période de Covid-19, on a très bien vu que l’absence de réserve alimentaire a failli nous poser des problèmes si le Cameroun avait opté pour le confinement total. C’est absolument nécessaire. Le ministre des Finances en son temps avait autorisé l’importation de 200....

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