Un si bel héritage…

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Il faut par exemple avoir participé à un voyage de presse en Chine avec des confrères venus d’autres pays africains francophones ; il faut avoir vu leur embarras à chaque supermarché, à chaque contrôle des services de police, d’immigration ou de douanes. Observer leurs réelles difficultés à communiquer, là où tout bon Camerounais ayant au moins fait le secondaire, parvient toujours à se faire comprendre et à comprendre son interlocuteur grâce à la très universelle langue anglaise... Voilà exactement le type d’expérience qui donne à l’avènement de la Commission nationale pour la Promotion du bilinguisme et du multiculturalisme tout son sens, toute sa pertinence et sa légitimité. Les Camerounais ont-ils tous conscience de la chance qu’ils ont, d’appartenir à un pays bilingue ? De bénéficier de ces deux langues officielles, certes héritées de la colonisation, mais qui sont tout de même de précieux outils de navigation dans ce monde où les frontières de la communication sont plus que jamais virtuelles ? Pas sûr.
C’est pour cela que l’acte posé hier par le président de la République est si fondateur. Après le principe ancré dans la loi fondamentale camerounaise ; après les actions de promotion du bilinguisme initiées depuis la présidence de la République à travers le Programme national de formation bilingue et ses centres linguistiques ; après les nombreuses actions de sensibilisation, les journées mondiales du bilinguisme, les Camerounais ont, malgré tout, souvent montré une espèce d’insouciance devant cette spécificité que pourtant les autres leur envient. A titre de parenthèse, le Gabon voisin a récemment cru nécessaire d’introduire l’anglais comme langue officielle. Le Cameroun, lui, peut-il se permettre de prendre le chemin inverse ? La réponse est évidemment non. Le message derrière la création de cette commission est là : ne dilapidons pas un héritage si beau, si précieux, quand il est attendu de nous que nous le fructifiions.
A ce titre et en sus des dispositions et dispositifs institutionnels déjà en place, la Commission créée hier par Paul Biya se pose en véritable « chien de garde » de l’identité culturelle camerounaise. Un outil de surveillance dont le caractère pragmatique n’échappe à personne. Ce que d’aucuns ont appelé « crise anglophone » et qui met le pays en émoi depuis presque trois mois, aura aussi servi comme un miroir. Pour nous réveiller de nos sommeils, érigés en certitudes chez certains, qui osent penser et même dire tout haut, leur négligence ou leur mépris vis-à-vis de l’anglais, du français ou de n’importe laquelle de ces 200 langues nationales qui font du Cameroun un véritable bouquet culturel. Un bouquet aux fleurs aussi rares que précieuses, aussi belles qu’exceptionnelles.
Paul Biya vient de le décider : le Cameroun va franchir un palier dans la préservation, la défense et la promotion de ce qui fait son identité...

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