Criminalité urbaine : Stop !

« Si l’Etat est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons. » Cette citation de Paul Valéry, écrivain, poète, philosophe et épistémologue français souligne le caractère problématique des interactions entre l’Etat et ses citoyens. Investi de la « violence physique légitime », l’Etat doit user de la force pour pouvoir organiser la vie sociale. Sans ce pouvoir de la force, l’Etat sera faible et incapable de garantir l’ordre public.  Il a donc le pouvoir d’interpeller, d’emprisonner des criminels, de punir les contrevenants à la loi (amende, emprisonnement, etc). Sans cette violence nécessaire et légitime, l’Etat ne pourra pas accomplir ses missions. Quand l’Etat s’affaiblit, la société plonge dans le chaos, dans le désordre, dans la loi du plus fort. La vie sociale périt. Dans la situation actuelle où nous assistons à une urbanisation exponentielle et où la ville, la criminalité urbaine et la violence font partie des plus grands défis auxquels les villes contemporaines comme les nôtres sont confrontées, et à ce titre représentent l’une des plus grandes préoccupations chez les citoyens et les gouvernements à travers le monde. Nos grandes cités sont en proie à certaines formes de criminalité, comme le crime organisé, les enlèvements et le trafic des êtres humains. Au Cameroun, selon les chiffres de l’Onu-Habitat, le taux annuel d’urbanisation est de 5% et à l’horizon 2030, plus de 60% de la population du Cameroun vivront dans les villes. Ce qui va donc accroître la criminalité urbaine dont la production est intimement liée à la croissance urbaine.
Il y a quelques jours, un haut fonctionnaire de la police a succombé à ses nombreuses blessures subies lors d’une agression par des individus non identifiés, à proximité de son domicile à Yaoundé. En avril dernier, une jeune femme médecin en service dans une formation sanitaire à Douala a été kidnappée en plein jour et gardée en captivité pendant quelques jours. C’est grâce à l’ingéniosité des forces de maintien de l’ordre qu’elle a été libérée et ses ravisseurs mis aux arrêts. Dans la même période, le corps sans vie d’une jeune dame âgée d’environ 25 ans a été retrouvé gisant dans le sang au quartier Ahala à Yaoundé.  Il y a environ deux semaines, deux enfants, élèves dans une école publique à Kaélé, chef-lieu du département du Mayo-Kani dans la région de l’Extrême-Nord ont été assassinés avant d’être jetés dans un cours d’eau. Ailleurs dans le pays, les agressions physiques suivies de mort d’homme sont légion. Dans les grandes agglomérations, les vols des véhicules et des motocyclettes, les braquages et les cambriolages des domiciles, des commerces et des bureaux administratifs comme ce fut le cas de la direction générale des Impôts il y a un an à Yaoundé alimentent régulièrement la rubrique des faits divers dans les médias. A Yaoundé et à Douala, il est risqué voire suicidaire de s’aventurer même en plein jour dans certaines zones connues de tous comme des « endroits dangereux ».  C’est le cas de certaines gares routières et de certains marchés dans ces deux villes. Certes, ces activités criminelles ne sont pas nouvelles mais ce sont leurs modes opératoires qui sont en perpétuelle mutation. Alors qu’il s’opérait essentiellement dans les coins reculés du pays, le phénomène de kidnapping est devenu désormais une activité lucrative pour les malfaiteurs « urbains ». L’internet et les technologies de l’information et de la communication les aident à faciliter leur sale besogne. Les victimes sont appâtées par des offres faites au téléphone ou à travers les réseaux sociaux.
La criminalité urbaine est la résultante d’autres phénomènes comme la circulation et le trafic illicite d’armes de petits calibres. L’instabilité sociopolitique dans certains pays voisins a déversé sur le marché noir des armes conventionnelles vendues par des anciens soldats ou des rebelles en errance à la recherche de la pitance. Le trafic et la consommation des stupéfiants sont aussi cités parmi les facteurs favorisant la délinquance urbaine. Certains de ces produits nocifs sont vendus sous formes de médicaments.
Si la cote d’alerte n’est pas encore atteinte, il va de soi que cette remon...

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