« Les femmes sont victimes d'un coup d’État sexué »

Pr. Viviane Ondoua Biwole, auteur de « 101 femmes de l’émergence du Cameroun. Faits troublants » paru aux Editions Les Presses Universitaires.

Vous venez de commettre l'ouvrage « 101 Femmes de l'émergence du Cameroun. Faits troublants ». De quoi parle votre livre ?
Il s’agit d’un ouvrage plaidoyer, un cri du cœur, une alerte. Il révèle des constats en contradiction avec le cadre juridique (constitution, différents textes publics) et les engagements politiques du président de la République. Les principales motivations de la rédaction du présent ouvrage relèvent d’un fait troublant : l’absence des femmes à la tête des régions en 2020, 10 régions et aucune femme ! Pour nous, c’était un évènement de trop malgré le déploiement des femmes dans ce processus jusqu’à la dernière étape. Comment était-ce possible après tant de promesses du président de la République ? Nous avons donc souhaité dans cet ouvrage convoquer la capacité du président de la République à inverser la tendance. En effet, la loi fondamentale du Cameroun du 18 janvier 1996 révisée en février 2008 stipule que le président de la République « nomme aux emplois civils et militaires ». Sur cette base, plusieurs engagements politiques légitiment notre recours auprès de lui notamment lors de son discours de campagne à l’élection de 1997, à Monatélé le 5 octobre 2004, lors de sa prestation de serment devant l’Assemblée nationale, le 3 novembre 2011, dans la profession de foi des élections présidentielles de 2011 réitérée en 2018. Le président de la République a utilisé tous les outils politiques pour affirmer son engagement vis-à-vis de la participation des femmes aux affaires publiques à des niveaux stratégiques. C’est donc la contradiction entre les promesses, les bonnes intentions du président de la République et la réalité que cet ouvrage essaye de révéler.

Quels sont ces faits troublants que vous relevez ?
Je dévoile ici un échantillon de faits troublants que vous retrouverez dans l’ouvrage. Depuis que le Cameroun est indépendant aucune femme n’a jamais occupé plus d’un poste ministériel (je ne fais pas mention des départements ministériels qui changent de dénomination consacrant le nouveau poste à la femme ministre) ; les femmes sont confinées au même poste de responsabilité jusqu’à la fin de leur bail gouvernemental. Ces informations empiriques bien que non exhaustives révèlent des tendances qui sont dignes d’intérêt : le leadership administratif est tenu par l...

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