« Les investitures participent de la rationalisation des candidatures »

Dr. Cédric Njoya Yone, Ph.D en Droit public, diplômé de Théories et pluralismes juridiques, enseignant à l’université de Douala.

Les troisièmes élections sénatoriales se tiendront le 12 mars prochain. L’on remarque que la plupart des partis politiques en course investissent leurs candidats. Qu’est-ce qui justifie le choix de l’investiture ? 
D’ores et déjà, il faut souligner qu’il n’y a rien d’anormal dans la démarche. Elle participe simplement à « rationaliser le choix des candidatures au sein des formations politiques ». L’observation des statuts de l’essentiel des partis politiques au Cameroun le confirme d’ailleurs. Qu’il s’agisse du PCRN, de l’UDC, du MRC, du SDF ou du RDPC… Pour cette dernière formation, L’art.23 point 5 de ces statuts dispose que « Le Comité central accorde les investitures du parti à l’occasion des élections nationales ou locales ». Le MRC avait d’ailleurs très tôt compris le besoin d’introduire l’exception de l’investiture à la règle du consensus en la prévoyant à l’article 42 de ses statuts. On ne saurait le dire du SDF à sa genèse. Le souci de rationaliser son offre politique à travers ses candidats a conduit à revoir cette disposition à la faveur de la Convention de Bamenda, tenue du 26 au 28 mai 2005. Au terme de celle-ci, il a été prescrit que « la Cellule nationale des conseillers est l’organe d’investiture du Parti ». En réalité, le vrai problème n’est pas nécessairement le problème de l’investiture. Ce qui est généralement en cause, ce sont les mécanismes très autoritaires et négativement discriminatoires qui peuvent en découler. Ce qui peut créer des frustrations, et donc, affecter la mobilisation des acteurs lésés.    
    
A votre avis, qu’est-ce qui devrait fonder les choix des responsables de partis politiques chargés desdites investitures ? 
Par principe, à ce niveau de responsabilité, ils devraient considérer la personnalité des postulants, en termes de leur bilan au sein de leur formation politique, y compris la confiance que celle-ci a en eux, au sein de l’Etat éventuellement, mais sans doute, des collectivités territoriales décentralisées dont ils seront à n’en point douter des médiateurs à la chambre sénatoriale. Cet état des choses appelle l’existence et l’exigence d’un poids important de légitimité charismatique et même traditionnelle à l’effet de requérir simplement l’habillage juridique. En d’autres termes, ce n’est pas parce qu’on est désigné qu’on acquiert par la décision partisane la légitimité de la représentation du parti. Mais, c’est précisément la légitimité (charismatique ou traditionnelle) des candidats à investir qui doivent orienter et structurer le choix des responsables appelés à investir.      

Comment expliquez-vous le fait qu’il y ait plus d’engouement au RDPC, avec notamment l’existence de plusieurs listes, que dans d’autres partis ? 
J’y vois davantage l’expression de la démocratie partisane. Ce qui permet à toute personne qui se sent les qualités de représentativité et de légitimité de pouvoir postuler aux élections. Pour autant, il est des constances de discipline au sein de cette formation politique qui penchent à présumer un consensus avant le dépôt définitif des candi...

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