Musique : Etienne Mbappe partage son groove

Le bassiste camerounais participe depuis mardi dernier à la troisième édition du festival jazz 237 dans les villes de Douala et Yaoundé.

Deux mois après son dernier passage sur la terre de ses ancêtres, Etienne Mbappe est de retour au Cameroun. Le bassiste a officiellement ouvert la troisième édition du festival Jazz 237 avant-hier, 25 avril 2023, à l’Institut français du Cameroun (Ifc), antenne de Yaoundé. Mais avant cela, le musicien de jazz a donné un concert prélude le 22 avril dernier à l’Ifc de Douala. Il sera de nouveau sur scène dans la cité économique camerounaise samedi prochain à l’espace Wemah Art Project de Bonendalè, dans l’arrondissement de Douala IV. C’est l’occasion pour l’artiste aux gants de soie de revisiter son riche répertoire. Le parcours discographique d’Etienne Mbappe est notamment jalonné de son premier album solo « Misiya » en 2004, de son dernier en 2021, « Time will tell », Il passe par « Su La Take » (2008), « Paster Noster » (2013) ou encore « How Near How Far » (2016). Sans oublier les nombreuses collaborations. Cette richesse musicale faite de fusion de rythmes, avec pour base le jazz, Etienne Mbappe ne l’a pas partagée uniquement lors des spectacles. Adepte de la transmission, sa présence au Cameroun est aussi l’occasion de perpétuer une tradition datant de plusieurs années maintenant : former la jeune génération de musiciens à travers les masterclass. Deux sessions étaient au programme pour cette fois, à Douala et Yaoundé. Mais les espaces d’apprentissage de l’auteur de « Cameroun O Mulema» vont bien au-delà des masterclass. Elles s’étendent aux répétitions de ses concerts. Pour ce Jazz 237 Acte III, les heureux bénéficiaires étaient essentiellement des locaux. En effet, l’équipe comptait le groupe de base, son « groupe sanguin » comme l’appelle le « Groove man ». A côté de ses accompagnateurs habituels quand il est au pays, Gaëlle Wondje à la voix, Marcien Oyono à la guitare et Haoussa Drums à la batterie, l’ensemble s’est adjoint les claviers de Samy Mahop et une deuxième guitare à travers Simplice Kengne. Cette tournée au pays est aussi l’occasion pour Etienne Mbappe d’annoncer un projet particulièrement important pour lui, « Sixty-Forty ». Année de déploiement, 2024. Le bassiste va célébrer ses 60 ans d’existence et ses 40 ans de parcours musical.

Pourquoi faites-vous des masterclass à chaque fois que vous venez ?
A l’âge que j’ai, 59 ans, j’ai envie de transmettre de plus en plus. Je l’ai beaucoup fait en Europe, dans tous mes groupes, Su La Take, The Prophets, NEC+, etc. c’est des musiciens que j’ai croisés très jeunes en France, que j’ai un peu formés. Faire la même chose au Cameroun, aller à la rencontre des musiciens, me plait tout autant. Vous pouvez voir comment le travail est méticuleux lors des répétitions. Le rôle que j’ai ici est celui aussi bien d’un entraineur d’une équipe que de chef d’orchestre. En plus, comme c’est la musique que j’ai écrite, j’ai encore plus d’exigences là-dessus parce que je sais comment je veux l’entendre, je sais comment je veux la faire sonner. Donc ils travaillent ardûment. Cela constitue tout le bagage qui après leur appartiendra. Ils pourront perpétuer cette transmission aux plus jeunes évidemment. Moi j’ai appris auprès des aînés à Paris où je réside, les Manu Dibango et autres. Alors si je peux à mon tour transmettre à mes jeunes frères camerounais qui en plus sont demandeurs, cela me fait très plaisir qu’ils puissent recevoir cette expérience. C’est vraiment un grand honneur pour moi.

Vous venez participer à un festival de jazz. Comment appréciez-vous la situation de ce genre musical au Cameroun ?
La musique a progressé. Les musiciens sont de plus en plus à la page, avec les réseaux sociaux et internet. Maintenant, si vous voulez prendre un cours avec Marcus Miller ou un autre grand musicien de jazz, vous allez sur leurs forums. Donc ça fait avancer les musiciens. Mais c’est sûr qu’il faut des espaces pour jouer, pour s’exprimer. Tant que ces espaces ne sont pas là, vous aurez l’impression que ça stagne. Quand je viens au Cameroun, je tiens toujours à jouer à l’Ifc de Douala parce qu’il est à taille d’un club de jazz. C’est un peu mon Olympia à moi. Ici, les gens écoutent. Ils ne sont pas dans la formule que certains adorent au pays, avec du vin à table, les champagnes, les grosses cravates, on parle fort, on allume le cigare, pendant que du jazz se joue. A l’Ifc, les gens écoutent et ça participe aussi à une certaine forme d’éducation. Quand je vais dans un concert, je bois les paroles, les textes, même si je ne comprends pas la langue. Quand les gens bavardent, la musique devient secondaire, c’est une musique d’ambiance. Pourtant une création doit s’écouter dans le silence.


Pourquoi avez-vous toujours plusieurs guitares basses ?
J’ai choisi ces basses en me disant que je n’y avais pas joué depuis longtemps. L’une d’elles, je n’y avais pas touché depuis 15 ans. Je les ai ressorties dernièrement. J...

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