« La politique monétaire a augmenté la concurrence sur le marché »

Georges Meka Abessolo, expert en marché financier, directeur du Cabinet Risks Mitigation LLC.

Depuis le début de l’année 2023, les différentes sorties du Cameroun sur le marché des titres n’aboutissent pas aux résultats escomptés. Qu’est-ce qui peut expliquer cette situation ? 
Nous sommes entrés en 2023 dans un contexte économique d’après Covid-19, de crise russo-ukrainienne et d’inflation généralisée avec pour conséquence une politique monétaire de la Beac qui a haussé le taux directeur à 4.5%. Ce rétrécissement du crédit bancaire a entraîné une compétition entre les Etats de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) en besoin de financements sur le marché des titres, notamment sur l’émission des bons de trésor assimilables (BTA) et des obligations de trésor assimilables (OTA). Le Cameroun qui a longtemps dominé le marché régional d’émission des titres avec des taux d’intérêts en deçà de 3% pour les BTA et 7% pour les OTA, est davantage concurrencé par les autres pays de la Cemac qui offrent des taux d’intérêt supérieurs aux siens. Les investisseurs de la sous-région préfèrent donc souscrire aux titres émis (BTA) par le Gabon, le Congo et le Tchad avec des taux d’intérêts qui oscillent entre 5.6% et 7% pendant que le Cameroun tourne autour de 4%.   

Le Cameroun est pourtant un bon payeur. Cela ne suffit-il pas comme motivation ?  
Le Cameroun détient effectivement un « track record » excellent sur le remboursement de ses titres émis depuis 2011 sans défaut de paiement, d’un montant global de 3000 milliards de F. On doit comprendre que la politique monétaire de la Beac pour limiter l’inflation a réduit la disponibilité des liquidités et augmenter le coût du crédit et de l’argent, entraînant une concurrence entre les Etats sur le marché des titres.  Par conséquent, les autres pays de la Cemac, ayant une signature de crédit moins crédible que celle du Cameroun, pratiquent des taux d’intérêt supérieurs a ceux du Cameroun pour attirer les investisseurs souscripteurs. C’est une logique de rentabilité pour les investisseurs qui prennent le risque d’être rémunérés à des taux élevés même si la signature de l’Etat émetteur comporte des risques.  

Le durcissement des conditions d’emprunt par les investisseurs peut-il expliquer le peu d’attractivité des titr...

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