« Les supermarchés s’approvisionnent pour l’essentiel à l’extérieur »

Dr René Yatcho Nyaben, économiste du développement.

Le secteur de la grande distribution ne cesse de s’agrandir avec l’installation de nouvelles enseignes dans nos grandes villes. Comment appréciez-vous cette effervescence ?
La grande distribution prend une ampleur particulière au Cameroun ces derniers temps avec l’arrivée sur le marché de nouvelles enseignes autant étrangères que camerounaises. Ces structures essaiment pratiquement sur l’ensemble du territoire avec une prédilection marquée pour les grandes métropoles de Douala et Yaoundé. Des noms particuliers constituent ainsi des références attitrées dans la ville de Yaoundé au point de faire partie de l’osmose spatiale et économique locale. Ces implantations massives et résolues s’apprécient sous plusieurs angles. Elles indiquent en première instance que les ménages camerounais ne se limitent plus au marché classique, mais s’ouvrent davantage aux autres modes de distribution. Ensuite, elles mettent en relief les raisons objectives (qualité des produits, contraintes de temps, prix) et subjectives (snobisme, préjugé social) qui structurent les choix des consommateurs. Enfin, elles déterminent les facteurs macro-économiques (ajustement des politiques économiques), micro-économiques (préférence d’un produit par rapport à un autre), administratives et juridiques (allègement des procédures, avantages fiscaux, aménagements fonciers) qui exercent un attrait fondamental sur les enseignes étrangères confrontées à la saturation concurrentielle dans leur zone d’exercice traditionnelle. Le bouillonnement dont vous parlez peut être source d’effets positifs pour l’économie locale. 

En quoi ce dynamisme peut-il être bénéfique pour les populations ?
Les effets positifs de l’extension des enseignes de la grande distribution peuvent s’observer sur plusieurs plans. Au plan macro-économique, l’on relève une réelle contribution à la lutte contre le chômage sous toutes ses formes. C’est peu de dire que la multiplication des magasins induit des emplois directs (employés) et indirects (sous-traitants, fournisseurs, intermédiaires, consultants, etc.), favorise le renforcement des capacités humaines dans des métiers aussi divers et constructifs que la maintenance industrielle, la charcuterie, la pâtisserie, la restauration et le développement des forces de vente. Au demeurant, le contexte de ces mutations est propice à la structuration de l’appareil de production et/ou de consommation interne. Il s’ensuit alors un cercle vertueux production-distribution-consommation qui permet d’accroître les revenus et les perspectives d’épargne et d’investissements. Au plan micro-économique, le déploiement sus-évoqué modifie le comportement des consommateurs qui jouissent de plus possibilités dans leurs choix ou préférences. De la même manière, les petits commerces situés à proximité des supermarchés redéfinissent leur façon de produire ou de présenter leurs produits. Ces transformations se perçoivent aussi au plan méso-économique avec des approches nouvelles d’ouverture des plateformes, de conditionnement des produits et de fidélisation de la clientèle. En somme, bien encadrée, la grande distribution peut être considérée comme un des invariants de l’innovation bienfaitrice aux équilibres économiques internes. 

Malgré l’effervescence observée, les prix des produits demeurent élevés, au grand dam des ménages. Qu’est-ce qui peut expliquer cette situation ?
Le boom évoqué n’a qu’un effet limité sur les prix. Il suscite plutôt, de temps en temps, des décotes sur les prix au moyen des achats groupés, des remises sous condition, des ristournes et autres tombolas....

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