Chants patrimoniaux : la touche « Mbolé »

D’un simple rythme d’animation à un hymne pour la nouvelle génération. Mieux, une identité culturelle. Le « Mbolé », au départ se joue lors des veillées funèbres afin de garder l’assistance en éveil. Très vite, ce nouveau style musical, né dans les années 2000 avec un pic dès 2016, est adopté par les jeunes artistes camerounais. Pourtant au commencement, c’était l’affaire d’un groupe d'animateurs qui improvisent des textes sous forme d’atalaku, (propos flatteurs dans l’espoir d’une gratification financière), à partir d’un instrument atypique appelé le « répondant », le claquement des mains. Des ustensiles de tout genre y sont associés. Casseroles, seaux et louches sont mis à contribution en guise de base rythmique. 
En 20 ans, les sonorités du Mbolé ont été enrichies avec des instruments comme le piano, les castagnettes et surtout le djembé, devenu sa percussion de prédilection. Les spécialistes parlent alors d’une musique « 100% camerounaise », inspirée de la culture locale. « On a eu l'afro-beat qui venait du Nigeria, mais quand vous écoutez du Mbolé, vous entendez toutes les sonorités du Cameroun », confie un mélomane. Bend skin, makossa, bikutsi, assiko, kpalum, mouvement scout et chants d’animation des forces de défense et de sécurité, il y en a un peu de tout pour faire planer les gars du « Ghetto » et décrire une réalité sans fard des jeunes défavorisés des quartiers populaires de Yaoundé comme Nkoldongo, Etam-Bafia, Essos, Anguissa et Mvog-Ada. « Le Mbolé est le petit-fils du bikutsi, le neveu du makossa », énumère un arrangeur. Avant de rajouter : « Quand on écoute du Mbolé, on se sent juste Camerounais ». Pour exprimer davantage ce sentiment d’appartenance, les artistes exécutent les pas de danse singuliers. La danse de la maîtresse, de la marmite, de la trompette, le « Bang la tête », les tranches d’ananas et du « mongol ». Des comportements inhabituels exécutés avec humour. 
Plus de 20 ans après ses débuts, ce genre musical demeure très masculi...