Lutte contre la pêche illicite : le Cameroun tend ses filets

Après le carton rouge de la Commission européenne en début d’année, le gouvernement a mis les bouchées doubles pour juguler le problème de mauvaise gestion des ressources marines.

La loi du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche est le seul instrument juridique qui encadre le secteur des pêches au Cameroun. Bien qu’en son temps, ce dispositif ait permis de résoudre certains problèmes, notamment celui relatif à la préservation des aires marines, aujourd’hui, de nouveaux challenges s’imposent aux acteurs de ce secteur. Au rang desquels pêche illicite, non contrôlée et non déclarée (INN) qui a des conséquences importantes sur l’économie, entre autres. 
La piraterie par exemple, qui consiste pour les pêcheurs à opérer sans licence, constitue un problème sérieux pour l’Etat et cause un manque à gagner estimé à plus de 20 milliards de F annuellement. Les eaux camerounaises, peu surveillées, font l’objet d’une pêche pirate industrielle considérable. Les seules informations fiables sur les examens de navires pirates datent de la fin des années 1980, années pendant lesquelles neuf navires pirates avaient été arrêtés. A cette situation, s’ajoute le problème de la sécurité en mer. En effet, des embarcations non identifiées abordent des navires de pêche, munies d’armes à feu automatiques, menaçant les équipages et volant tout ce qui leur tombe sous la main, y inclus les captures. Emile Bilanga, armateur-pêcheur à Kribi en a été victime. « Nous sommes partis de 100 kg de prise par jour à 15 kg aujourd’hui à cause de plusieurs maux qui minent ce secteur. Les étrangers ont des bateaux chalutables qui leur permettent de pratiquer la pêche industrielle. Ils viennent nous agresser dans la mer, détruisant ainsi tous nos équipements. Les nôtres perdent leurs vies au quotidien. Lorsqu’ils pêchent, ces industriels raclent tout type de fruits de mer, même ceux qui sont protégés. Quand nous leur parlons, ils brandissent soit leur arme à feu soit une autorisation du gouvernement », raconte-t-il. En plus de la pêche industrielle non contrôlée, il y a aussi la pêche dite artisanale continentale, marquée par une importante présence d’étrangers (Nigéria, Tchad, Mali, etc.). Ce qui cause parfois des conflits avec les pêcheurs locaux, entraînant parfois mort d’homme. Cette forme de pêche, bien que nécessitant un permis, est libre d’accès. 
D’un autre côté, il existe peu de données sur ce secteur. Pendant les années de sécheresse sahélienne (1968-1985), des études menées par une organisation non gouvernementale ont estimé la capture totale pour chacune des sept régions continentales à quelques 70 000 tonnes par an. De ...

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