Gares routières : en finir avec l’anarchie

Deux évènements ont cristallisé l’attention ces dernières semaines dans le secteur du transport interurbain. Le 2 juillet dernier, un employé d'une compagnie de transport interurbain implantée dans la ville de Bangangté, dans la région de l’Ouest, a été mortellement poignardé par son collègue exerçant dans une compagnie voisine au cours d’une dispute pour un passager à embarquer. Transporté d’urgence à l’hôpital, le jeune homme d’une vingtaine d’années n’a pas survécu au coup de poignard qu’il a reçu quelques minutes plus tôt. Selon des sources, de fréquents et violents accrochages ont lieu entre les « chargeurs » de ces deux agences de transport. Une semaine avant, le 21 juin 2023, ce sont les transporteurs et commerçants du lieu-dit « Gare routière d’Etoudi » à Yaoundé qui sont allés battre le pavé devant le ministère de l’Administration territoriale. Ces hommes et femmes qui font le business sur ce site disent protester contre une note du maire de la ville de Yaoundé les sommant de libérer les lieux pour rejoindre la nouvelle gare routière d’Olembe? construite non loin du stade éponyme. Luc Messi Atangana leur avait donné jusqu’au 23 juin 2023 pour déguerpir afin de libérer l’espace pour le lancement, le 30 juin 2023, des travaux de construction d’un complexe commercial. Devant les services du Minat, les manifestants ont souhaité qu’un moratoire de six mois au moins leur soit accordé pour écouler les stocks de marchandises alors que la sommation de quitter ce site leur est notifiée bien avant la Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies 2021 que le Cameroun a abritée.
Les deux faits de Bangangté et de Yaoundé illustrent à suffisance l’ampleur du désordre que cause l’installation spontanée et anarchique des agences de transport dans les zones urbaines. A Yaoundé et à Douala comme dans la plupart des grandes villes du pays, le problème se pose avec acuité. Ici et là, la chaussée est pratiquement occupée par des véhicules qui chargent et déchargent ou effectuent des manœuvres. Au lieu-dit Mvan à Yaoundé, une trentaine de compagnies de transport ont pris leurs quartiers. Traverser le tronçon Total aéroport-Ahala ou Total Aéroport-Tropicana est devenu la croix et la bannière pour de nombreux usagers de ces axes. Entre les gros porteurs qui tentent de sortir de l’agence et ceux qui veulent y débarquer leurs passagers, de véritables bouchons sont vite créés. En l’absence de parkings, c’est sur le trottoir que beaucoup de ces bus font descendre leurs passagers, créant encore plus d’embouteillages qui font perdre plus d’une demi-heure aux automobilistes qui veulent rallier le centre-ville. Même cliché sur les tronçons Tongolo-Etoudi, Mballa II-Emana-Messassi, Obili-carrefour Biyemassi ou Nkomo-Nkoabang. A Douala, les chargements et déchargements des voyageurs se déroulent sur plusieurs emprises de la voirie et dans certains carrefours au cœur de la capitale économique : Place de la douche municipale, Bessengue, Brazzaville, Place de la jeunesse, Carrefour Tonnerre, etc. Pire, la plupart des sites où sont implantées ces sociétés sont devenus des zones de « non droit » où l’insécurité est prégnante. Il est devenu dangereux de traverser ces zones même en journée au risque de se faire agresser ou se faire délester de son sac ou de son téléphone. Les agressions, vols et braquages des passagers ou des passants sont monnaie courante et n’émeuvent presque plus. Difficile de faire la différence entre bandits et chargeurs honnêtes, ces derniers n’étant pas identifiables. Ces endroits sont devenus un lieu de concentration de jeunes délinquants qui se livrent à la consommation de stupéfiants. Ils ont pour cibles, les voyageurs venant des zones reculées du pays et qui n’ont pas ou ont une connaissance approximative de la ville. Ils se font arracher argent et bagages. C’est sans doute les raisons qui ont contribué à l’installation d’un poste de police au carrefour Mvan pour dissuader d’éventuels agresseurs. Les riverains sont, quant à eux, obligés de subir le vacarme qui y règne. Ces populations auraient même déjà saisi la Communauté urbaine de Yaoundé pour un éventuel transfert de cette gare routière dans un espace beaucoup plus approprié. En attendant que cette doléance soit prise en compte par les pouvoirs publics, la gare routière de Mvan continue de dicter sa loi aux visiteurs. 
L’insalubrité constitue l’autre marqueur de ces gares routières spontanées. Si quelques rares agences de transport disposent d’aménagements acceptables, la plupart sont dépourvues des commodités pour les passagers. Les toilettes modernes et les salles d’attente aménagées constituent un luxe pour ces structures.  
 L’installation spontanée et anarchique des agences de transpor...

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