« Le respect des règles de l’art est primordial »

Kizito Ngoa, président de l’Ordre national des ingénieurs de génie civil du Cameroun.

Plusieurs effondrements d’immeubles se sont enchaînés dans plusieurs villes du Cameroun ces derniers jours. D’abord à Douala, suite à des inondations, ensuite à Ngaoundéré. Comment comprendre cette série qui ne date pas de 2023 ?
Les lois des séries, de par leur définition, ne s’expliquent pas. Par contre, elles ont le mérite d’alerter sur des conditions et pratiques dans nos constructions qui peuvent mettre en danger les personnes et les biens. Le drame de Douala nous émeut d’autant plus qu’il s’agit pour la première fois d’un immeuble en exploitation qui s’est effondré, avec un nombre conséquent de victimes. Sans être alarmiste, tout le monde peut constater que des immeubles d’habitation montent de plus en plus haut dans des zones difficiles et soumises aux changements climatiques.

Dans un communiqué rendu public le 26 juillet 2023, le Conseil de l’Ordre national des ingénieurs de génie civil propose d’apporter son expertise pour gérer ces situations. Comment cela se ferait-t-il concrètement ?
Il y a d’abord notre disponibilité à participer aux enquêtes techniques qui devraient être menées concomitamment aux enquêtes administratives pour ces derniers sinistres. Les constats réalisés permettront déjà de donner des orientations aux commissions mixtes de suivi et contrôle des constructions placées auprès des municipalités, auxquelles nous souhaitons participer. De manière plus générale, nous nous proposons de travailler avec les pouvoirs publics sur la mise en place d’un plan de gestion des risques qui comprendrait des mesures réglementaires, juridiques, techniques et financières pour des actions préventives, mais aussi répressives à l’endroit de tous les acteurs de la construction. La réduction de la criticité (fréquence et gravité) des risques d’effondrement d’immeubles passe inéluctablement par un transfert de responsabilités des autorités municipales vers les professionnels de la construction qui souscrivent à des assurances et se soumettent aux règles éthiques et déontologiques de leur métier.

Aujourd’hui, de nombreuses bâtisses qui ne respectent pas les normes, sont en cours de construction. Est-il encore possible de rattraper ces situations ?
Le recensement annoncé des constructions à risque doit s’accompagner de diagnostics des structures pour s’assurer de leur solidité en fonction de l’exploitation envisagée. Dans certains cas, des corrections plus ou moins coûteuses peuvent être apportées pour sécuriser les ouvrages, comme par exemple des reprises de fondations. Mais, il faut également envisager sans complaisance la destruction des édifices irrécupérables. Même si ces différentes actions sont à réaliser en principe aux frais du promoteur, il est important de doter les services municipaux de moyens matériels et financiers pour ne pas attendre que les drames surviennent.

Quelles sont les règles à respecter pour la construction d’un bâtiment sûr et solide ?
Le respect des règles de l’art est primordial pour tout projet. Cela passe par de bonnes études géotechniques et de structures, des méthodes et procédés de mise en œuvre conformes, des matériaux et matériels aux normes, sans oublier, bien évidemment, un personnel qualifié et en adéquation avec l’importance de l’immeuble projeté.

Les matériaux disponibles sur le marché sont-ils toujours fiables ?
Il y a quelque temps, votre quotidien s’est fait l’écho de fers à béton de mauvaise qualité présents sur le marché. De même, les cim...

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