Financement des PME : l’Etat en appui


En signant le 16 août dernier des conventions de facilité de garantie de 200 milliards de F avec des banques et des établissements de microfinance, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, réaffirmait l’option prise par l’Etat de faire des entreprises du secteur public et privé, et davantage les Petites et moyennes entreprises des maillons essentiels de l’économie camerounaise. Ce souffle nouveau insufflé à ces entités devrait leur permettre de bénéficier plus facilement de crédits bancaires destinés aux investissements, afin de donner plus de vigueur à l’économie. Pour mieux cerner les contours et subtilités de cette facilité, CT a approché le Secrétaire général du ministère des Finances, Gilbert Didier Edoa. 

Le ministre des Finances a signé le 16 août dernier des conventions de facilité de garantie à hauteur de 200 milliards de F avec les banques et établissements de microfinance. Quels objectifs entendez-vous atteindre à travers ce mécanisme ? 
Cette mesure est envisagée à la suite d’autres mesures déjà mises en place par le gouvernement, en vue de soutenir l’investissement privé. Il s’agit des mesures de facilitation fiscales et de soutien à la trésorerie des entreprises, ainsi que des mesures d’amélioration de la structuration des Petites et moyennes entreprises (PME). Cette facilité de garantie procède, en conséquence, d’un engagement plus volontariste du gouvernement à accompagner le secteur privé. En effet, et comme vous le savez, la croissance de notre économie est tributaire d’une contribution plus marquée du secteur privé. A travers cette mesure, nous voulons impulser le crédit à l’économie afin que le rythme des investissements dans les secteurs prioritaires soit accéléré, avec une participation plus importante du secteur privé.

Selon les propos du ministre des Finances, cette facilité de garantie cible principalement les PME. Qu’est-ce qui justifie ce choix ?
D’abord, il faut signaler que le focus sur les PME n’exclut pas les grandes entreprises. Celles-ci ont d’autres types de problèmes, qui sont moins en lien avec l’accès au crédit bancaire. Cette orientation est justifiée par le rôle prépondérant et la part plus importante des PME dans notre économie. Les PME représentent plus de 90% de la structure de notre économie. Elles sont également les plus fragiles au regard de leur taille. Cette fragilité se démontre à chaque fois que notre pays subit des chocs y compris d’origine externe, comme cela a été déjà montré avec la survenance de la pandémie du Covid-19. Globalement, nous avons des entités économiques représentant l’essentiel de notre tissu productif, mais qui ne portent pas assez notre croissance en raison des contraintes multiples, dont l’accès au crédit bancaire. En conséquence, il pourrait être difficile de soutenir durablement notre croissance avec des PME, maillon essentiel de notre économie, sujettes à ce type de contraintes. 

La mise en place de ce mécanisme intervient à la troisième année de mise en œuvre de la SDN-30. Quels objectifs de cette Stratégie cette facilité contribue-t-elle à atteindre ?
Cette mesure s’inscrit en droite ligne des objectifs de la SND-30 en ceci qu’elle permettra de stimuler l’investissement privé, avec pour corollaire l’augmentation de la contribution du secteur privé à la croissance. Aussi, cette facilité de garantie cible davantage les entreprises opérant dans les secteurs identifiés comme prioritaires par la SND30. A travers ce ciblage, le gouvernement souhaite impulser le crédit bancaire dans ces secteurs prioritaires, dont la production devrait permettre de réaliser notre objectif d’import-substitution.

L’écosystème des PME étant particulièrement porteur de risques, comment l’Etat entend-il se prémunir contre cette réalité à laquelle, on l’imagine, il va certainement se heurter ?
Nous ne perdons pas de vue que le secteur des PME est particulièrement risqué. On y observe un taux de sinistralité des crédits plus élevés que pour les grandes entreprises. Ceci est dû à plusieurs facteurs, notamment la faible structuration de ces entreprises ainsi que les structures de gestion souvent imparfaites. Nous ciblons les PME bien structurées et qui ont une parfaite maîtrise non seulement des procédés techniques, mais aussi une gestion appropriée et adaptée aux standards en la matière. Mais, cela ne signifie pas que les autres sont mises à l’écart. Pour les autres, l’Etat a déjà mis en place des structures de mise à niveau. Enfin, pour se prémunir des risques, nous avons opté pour une garantie partielle. Ce qui veut dire que les établissements prêteurs, qui connaissent leurs clients, restent exposés aux risques de défaillance des entreprises. Cette structuration permet de maintenir les incitations nécessaires à une sélection rigoureuse des entreprises à financer sous la garantie de l’Etat. Nous avons également mis en place plusieurs niveaux d’examen des demandes de garantie au ministère des Finances. Il s’agit des comités multi-acteurs et plurisectoriels qui sont chargés d’examiner les projets ayant reçu les pré-accords de crédit des banques. Ces comités sont chargés de l’analyse des projets, sous le prisme de l’équilibre financier, de la rentabilité et de la gouvernance de l’entreprise bénéficiaire du crédit.

Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour rassurer les partenaires des banques et établissements de microfinance quant à la certitude de remboursement en cas d’appel de la garantie, c’est-à-dire, en cas de défaillance des entreprises débitrices ?
D’abord, il faut dire que l’Etat reste solvable. Ce qui veut dire qu’une créance, lorsqu’elle est effectivement due, sera payée. Le gouvernement entreprend depuis plusieurs années, des réformes majeures permettant d’apurer la dette intérieure. A date, vous l’avez certainement constaté, le stock de la dette intérieure s’est considérablement réduit. Dans le cadre de cette facilit&eacut...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie