« Nous voulons qu’on s’attaque aux problèmes réels de l’Afrique »

Abdellatif Jouahri, gouverneur de la banque centrale marocaine (extraits d’entretien en visioconférence).

Monsieur le gouverneur, Marrakech va accueillir les Assemblées annuelles du FMI et de la BM. Dans quel état d’esprit le Maroc et l’Afrique se préparent-ils pour cet événement ?
Les préparatifs se font comme d’habitude avec les deux organisations, pour tout ce qui est logistique. Mais pour notre pays qui organise, il y a une série d’événements qui se sont succédés depuis septembre de l’année dernière et que nous avons appelés « La route vers Marrakech ». Dans ces manifestations, les changements de paradigme auxquels le monde assiste, ont pris pas mal de place. C’est-à-dire les aspects climatique, numérique. Et bien sûr, la situation particulière de l’Afrique a pris une grande importance dans ces événements en amont des Assemblées annuelles. Et là, nous avons essayé de mettre en exergue, tous les problèmes auxquels va être confronté notre continent, à l’instar de la question de la dette et celle de sa représentativité au sein des deux institutions. Pour nous, ce sont des points importants que nous allons discuter de façon à ce que l’équité prévale sur le plan de la structure et du devenir de ces organisations. Ici, par exemple en juin, nous avons tenu en présence de la Directrice générale du Fonds monétaire international, le symposium sur les monnaies banques centrales, en tant qu’outils ou moyens de travailler sur l’inclusion financière. De la même manière, il y a eu des symposiums concernant le genre. Et pour mieux préparer ces Assemblées au Maroc, nous avons mis en place deux comités. Un comité scientifique et un comité national. Le Comité national est présidé par le chef du gouvernement, et le comité scientifique par moi-même sur proposition du chef du gouvernement. Et donc nous avons organisé les symposiums dont je vous ai parlé, mais aussi un mécanisme de suivi logistique des préparatifs et du contenu des Assemblées annuelles. Je crois que maintenant nous sommes sur la dernière ligne droite. Nous faisons régulièrement le point, et tout se déroule selon ce que nous avons arrêté.

Quel impact pourrait avoir le séisme du 8 septembre dernier ?
A propos des événements que vient de connaître Marrakech, les représentants du FMI et de la Banque mondiale étaient déjà sur place. Ils ont pu se rendre compte que ni l’infrastructure au niveau des assemblées, ni l’infrastructure d’accueil n’ont été touchées. Il y a une revue qui est opérée par les représentants des deux institutions pour faire un rapport à la suite de cet événement.

A propos des contenus des Assemblées annuelles, comment les banques centrales africaines abordent-elles le rendez-vous de Marrakech ?
Nous avons notre association des banques centrales africaines qui travaille énormément sur les relations avec les institutions internationales. Mais elle travaille surtout sur les problèmes africains et sur ce que peuvent faire les banques centrales pour les résoudre. Ainsi, parmi les thèmes de discussion réguliers, il y a celui de la monnaie unique africaine en rapport avec la Zone de libre-échange continentale africaine. De ce côté-là, il y a des thèmes qui sont inscrits et des échanges qui se tiennent. Cela facilite la tâche en ce qui concerne les prises de position au sein des instances internationales. L’un des problèmes qui revient, c’est celui de la gestion de la dette pour les pays les plus vulnérables. On a vu par exemple ce qu’a fait le G20, mais nous disons que ce n’est pas suffisant. Ce qui est proposé aujourd’hui par la Banque mondiale et le FMI comme cadre général pour réglementer la dette, ce sont de belles initiatives, mais ça prend beaucoup de temps. Parce qu’ils essaient de réunir à la fois les prêteurs publics et privés. Ils ont fait une première expérience avec la Tanzanie, ils sont en train de travailler sur le problème du Tchad, mais nous disons que le cadre doit être bien défini et les dossiers examinés dans des délais plus rapprochés et surtout aboutir à des résultats probants. Nous ne voulons pas de cosmétique. Nous voulons qu’on s’attaque aux probl&egrav...

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