Interview : « Nous misons sur la création de nouvelles unités de production »

Achille Bassilekin III, ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Economie sociale et de l’artisanat.

 

Monsieur le ministre, du 12 au 13 décembre prochain, vous organisez l’édition 2023 des journées nationales de la  PME. Quelle est l'idée derrière cet événement ?
Les Journées nationales de la PME (JNPME) sont une activité de célébration et de réflexion consacrée aux PME. Elles se tiennent tous les deux ans et rassemblent autour d’une préoccupation importante de développement du secteur de la PME au Cameroun, l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial national, dans l’optique  de renforcer la contribution des PME à la prospérité de l’économie.

Selon l’Annuaire statistique 2023 du Minpmeesa, ce secteur  englobe un stock de 349 722 PME réparties sur l’ensemble du territoire national, soit 99% du total des entreprises que compte notre pays. Elles contribuent à 40% de notre PIB et représentent 74% des emplois du secteur privé. Vous pouvez dès lors comprendre l’ampleur des espoirs qui sont fondés sur le secteur des PME pour le développement de notre économie.

La thématique retenue pour cette 7e édition des JNPME est : « Essor des PME et promotion des Chaines de valeurs : Quelles opportunités pour la mise en œuvre de la politique d’import-substitution ». Il s’agira de traiter précisément de la préoccupation relative à  la promotion des chaines de valeurs dans les secteurs à fort potentiel de croissance tout en proposant de nouveaux mécanismes institutionnels, qui permettront de réduire les contraintes structurelles de notre environnement économique et de stimuler le potentiel de production des produits manufacturés « Made in Cameroon » par les PME locales.

Cela suppose d’une part de faire une évaluation diagnostique des flux informationnels et productifs dans la mise en place des chaines de valeurs robustes dans des secteurs tels l’agroalimentaire, le forêt-bois, le coton-textile, le cuir ; et d’analyser d’autre part, les dispositifs institutionnels, notamment le climat des affaires, et autres facilités et incitations  mises en place pour soutenir la politique d’import-substitution. Ceci dans l’unique but d’en sortir avec des propositions et solutions pertinentes visant la mise en place des réformes en faveur des PME dans ces secteurs de production. Car de toute évidence, c’est la manière la plus concrète pour notre pays de réduire les importations inutiles et de dynamiser les exportations de produits à forte valeur ajoutée, ce qui concrétisera définitivement la mise en œuvre de la politique nationale d’import-substitution.

Quelle évaluation pouvez-vous faire des précédentes éditions et de leur impact sur le développement des cibles ?
Au cours des six précédentes éditions des JNPME, des thématiques variées les unes aussi pertinentes que les autres se rapportant à des préoccupations clés de développement du secteur de la PME ont été traitées avec pour objectif clairement affiché de trouver des solutions, envisager des réformes et interpeller les différentes parties prenantes sur la nécessité de doter notre pays d’un environnement plus favorable à la pratique des affaires par les PME locales.

In fine, il s’agit d’induire le développement d’un tissu industriel porté par des PME performantes et compétitives considérées à juste titre comme le véritable levier de croissance de notre économie. Ces thématiques se rapportaient précisément à : En 2011, « la PME en tant que vecteur de croissance et d’emplois »; En 2013, « la Sous-traitance et la Compétitivité des PME » ; en 2015, « la gestion de l’innovation comme gage de la compétitivité des PME » ; En 2017, «Promouvoir l’entrepreneuriat et les PME innovantes pour une croissance forte et inclusive », En 2019, «  Financement des PME et Startups » ; et en 2021, « Contribution des PME à l’import-substitution : accroitre la disponibilité et améliorer la qualité de l’offre des produits locaux « made in Cameroon ». Comme vous pouvez le constater, depuis 2011, nous abordons des problématiques opérationnelles en rapport avec le développement des PME au Cameroun.

En termes de bilan, depuis 2011, le gouvernement a entrepris en guise de réponses aux recommandations formulées par les acteurs à l’issue de chaque édition des JNPME, de nombreuses réformes ainsi que divers instruments et structures d’accompagnement qui ont été développés au Minpmeesa et dans d’autres administrations et institutions. Il s’agit de : l’Agence de Promotion des PME (APME) en 2013; la Banque Camerounaise des PME (BCPME) en 2015 ; les Centres de Formalités de Création des Entreprises dans les 10 chefs –lieux régions du  pays ; la plateforme de création des entreprises en ligne : « mybusiness.cm»  opérationnelle depuis 2015 ; la Bourse de Sous-Traitance et de Partenariat (BSTP) ; le Bureau de Mise à niveau des entreprises ; l’Agence des normes et de la qualité ; le Guichet Unique du Commerce Extérieur (GUCE) ; l’Agence de Promotion des Investissements (API) ; la pépinière pilote nationale d’Edéa opérationnelle.

Mais aussi la publication de plusieurs textes de lois en l’occurrence : la loi N° 2010/001 du 13 avril 2010 portant promotion des PME, modifiée par la loi N°2015/010 du 16 Juillet 2015 ; la loi N° 2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun et ses textes d’application.

Cette année, l’accent sera mis sur les sous-secteurs agro-industrie, bois et coton-textile-cuir. Pourquoi cet intérêt ?
En effet, avec l’adoption de la nouvelle stratégie de développement 2020-2030, dont les objectifs sont entre autres de mettre en place les conditions favorables à la croissance économique et l’accumulation de la richesse nationale et veiller à obtenir les modifications structurelles indispensables pour l’industrialisation du pays, il nous a semblé utile d’entamer avec les acteurs de notre écosystème entrepreneurial, des réflexions axées sur une réorientation de la politique de promotion des PME, afin de mieux adapter leurs activités productives aux nouvelles orientations stratégiques de la SND 30.

Ainsi un certain nombre de secteurs prioritaires ont été identifiés pour accélérer la production manufacturière de notre pays. La nouvelle orientation stratégique du ministère des Petites et moyennes entreprises porte sur l’éclosion de PME innovantes et compétitives dans ces trois sous-secteurs soutenues par  des accompagnements spécifiques. Nous avons choisi à dessein ces trois secteurs à cause des atouts naturels du Cameroun et du potentiel de production des biens et produits transformés qui demeure largement sous-exploité. Nous misons sur la création de nouvelles unités de production et  la pérennisation de celles déjà existantes afin de garantir une industrialisation progressive de notre économie, promouvoir le « Made in Cameroon » et assurer des emplois décents aux jeunes camerounais.

Monsieur le ministre, l’on est tenté de dire que malgré la grande mobilisation des pouvoirs publics autour des PME, ces dernières peinent toujours à sortir la tête de l’eau, du fait des difficultés persistantes comme l’accès aux financements, la faible compétitivité, etc. Qu’est-ce qui coince au fond ?
Je suis d’avis a...

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