« Une niche d’opportunités de placements pour les investisseurs »

Dr Fabien Clive Ntonga Efoua, enseignant-chercheur, Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université de Yaoundé II-Soa.

L’Etat du Cameroun, comme d’autres pays et institutions de la sous-région ayant organisé un emprunt obligataire vont à la bourse plus tard pour des cotations. Quelles sont selon vous, les raisons qui peuvent justifier cette démarche ?
Cet emprunt obligataire est certes la 7e opération de ce type que l’État du Cameroun réussit sur le marché financier sous-régional (après celles de 2010, 2013, 2014, 2016, 2018 et 2022), mais le tout premier à tranches multiples. À mon humble avis, le Cameroun spécifiquement, a été amené à tenter cette expérience afin de s’adapter aux conditions de marché devenues difficiles. Il n’a échappé à personne que la crise sanitaire et le conflit russo-ukrainien ont amplifié l’incertitude sur les marchés financiers nationaux et internationaux (renchérissement du coût des matières premières, durcissement des conditions de crédit, etc.).
En effet, l’ECMR 2023 à tranches multiples offre aux investisseurs la possibilité de souscrire soit pour des maturités courtes à des taux d’intérêt plus bas, soit pour des maturités longues à des taux d’intérêt plus élevés. Ainsi, les détenteurs de titres des segments A et B percevront des intérêts jusqu’en 2026 et 2027 respectivement, tandis que les détenteurs de titres des segments C et D en percevront jusqu’en 2029 et 2031 respectivement. On peut logiquement penser que c’est la flexibilité offerte aux souscripteurs (en termes d’arbitrage : échéance/rendement/risque) qui a contribué au succès de cette opération comme indiqué plus haut. 

Quels en sont les avantages pour un État ?
L’on peut en distinguer au moins trois, dans la mesure où cette opération permet de lever des capitaux en trouvant des financements alternatifs au système bancaire. Pour rappel, fin mai 2023 par exemple, la BEAC a décidé d’une augmentation de son taux d’intérêt directeur de 50 points de base (ce qui traduit un durcissement des conditions d’accès au crédit) afin de contenir le phénomène de la hausse des prix et de moins recourir à la dette extérieure. En effet, cette dernière est généralement libellée en dollars et son remboursement peut susciter quelques appréhensions, surtout en cas de redressement de la courbe des taux d’intérêt aux Etats-Unis ou de l’appréciation du dollar sur les marchés de change, comme c’est le cas actuellement. De fait en 2022, le dollar s’est apprécié de plus de 10 % par rapport à l’Euro, selon la Banque Mondiale et son cours est passé de moins de 585 de F à plus de 614 de F entre Janvier 2022 et Novembre 2023 ; d’animer et/ou de donner plus de visibilité au marché financier sous-régional basé à Douala. Le fait que l’ECMR 2023 à tranches multiples ait connu une (sur)souscription de 117,8 % malgré la morose conjoncture actuelle, semble indiquer que ce dernier objectif a été atteint. 

Quels types d’investisseurs peuvent intervenir à ce stade, quand on sait que l’approfondissement du marché secondaire reste une priorité pour le gouvernement ? 
La BVMAC est un marché financier sous-régional. Cela signifie qu’il offre une niche d’opportunités de placements aussi bien pour les investisseurs nationaux qu’internationaux. Effectivement, selon les informations fournies par le ministère des ...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie