« Dans l’accord sur les énergies fossiles, rien n’oblige les pays les plus pollueurs »

Pr. Ntuda Ebodé Joseph Vincentn directeur du Centre de recherche d’études politiques et stratégiques de l’Universit2 de Yaoundé II.

 Pr. Un accord historique vient d'être signé à Dubaï lors de la Cop 28 en faveur de l'abandon progressif des énergies fossiles. Quelles sont les chances d'application d'un tel accord ?
Cet accord a été qualifié par certains d'historique et par d'autres d'insuffisant. Cette divergence d'appréciation repose sur les problèmes qui ont débouché sur les interrogations au sujet des conditions de possibilité de sa mise en œuvre pertinente. Il y a la suspicion de conflit d’intérêt pesant sur le Sultan Al-Jaber, président du sommet qui, en plus d’être ministre émirati de l’Industrie, est aussi le PDG du géant pétrolier Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC). Les Émirats arabes unis étant par ailleurs le septième pays producteur mondial de pétrole, la nomination du Sultan Al-Jaber, aux fonctions de président du sommet a créé une inquiétude fondamentale : le changement climatique est principalement provoqué par l’utilisation des énergies fossiles… 
Un second problème est la position ambiguë des partenaires sur les énergies fossiles. Le journal britannique « The Guardian » a dévoilé dimanche 3 décembre un échange tendu entre Sultan Al-Jaber et l’ancienne présidente irlandaise Mary Robinson. Dans cette vidéo qui datait du 21 novembre 2023, on pouvait entendre clairement le président de la COP28 déclarer qu’aucune étude scientifique ne disait que la sortie des énergies fossiles permettrait d’atteindre +1,5°C. Selon lui, si une réduction et une sortie des énergies fossiles étaient inévitables, il fallait être pragmatique.  La position ambiguë sur les énergies fossiles a donc débouché sur deux positions qui se sont affrontées sur le projet de déclaration finale : l’une, soutenue par une coalition réunissant l’Europe, les pays du Sud et les États insulaires, appelant à la sortie des énergies fossiles et l’autre, défendue par les États pétroliers représentés par l’OPEP qui prônait la réduction des énergies fossiles. Le premier draft reprenant la position émiratie, a déclenché un tollé. Avant qu'au terme d'une nouvelle nuit de négociation, un compromis soit trouvé sur une transition vers l’abandon des énergies fossiles. 
Cette initiative a deux principales limites. Les pays en développement estiment que 100 milliards de dollars seraient nécessaires pour alimenter ce fonds, mais les contributions annoncées à l’issue de cette COP, n’atteignent même pas le milliard. Bien plus, il n’y a rien dans cet accord qui oblige les pays les plus pollueurs, à y participer. Dès lors, on ne peut ne pas se demander si la COP 28 à des chances d’être mise en œuvre. Il reste qu'on ne doit s’attendre à rien, si les pays ne tiennent pas leurs engagements.


Dans la même dynamique de préservation des écosystèmes forestiers du monde, un sommet des trois principaux bassins (Amazonie, Bornéo Mékong et Congo) s'est tenu cette fin d'année au Congo. L’équation de la coordination des politiques de lutte contre la déforestation demeure un casse-tête. Comment fédérer les efforts autour d'un même idéal ?
La fédération des énergies et des intérêts entre États constitue toujours un point d'achoppement majeur de l'expression de leur souveraineté. Toutefois, même si les États entre eux ne sont point des amis, des partenariats ...

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