« L’approche italienne change la donne »

L’éclairage de Joseph Kuiekem, économiste, essayiste, spécialiste des questions liées à l’immigration africaine dans le monde.

Au terme du 2e sommet Italie-Afrique qui s’est tenu les 28 et 29 janvier 2024 à Rome, l’Italie s’est engagée à accroître son aide au développement en faveur de l’Afrique. Pensez-vous que cette nouvelle mesure puisse contribuer à freiner l’immigration des Africains vers l’Italie qui est la principale porte d’entrée des clandestins en Europe ?    
Cette initiative devrait être favorablement accueillie par les pays africains. Car, loin des démarches prédatrices ou charitables, elle peut aider à construire de nouveaux ponts entre l’Afrique et l’Europe.  Le poids économique de l'Afrique avec une population de 1,4 milliard d’habitants, disposant des plus grandes sources d’énergie renouvelable du monde, des plus grands gisements de minéraux et de métaux critiques, de la plus grande part de terres arables non cultivées restantes au monde, devrait inciter les autres pays développés à suivre l'exemple de l'Italie. C'est donc une évidence parce que, dans un monde devenu un village planétaire, on ne peut plus accepter que les pays riches exploitent à leur profit toutes les richesses globales pour se développer en laissant des gisements de misère et d'extrême pauvreté humaine dans les pays du Sud, d’où partent pourtant l’essentiel des matières premières pour le Nord.  L'initiative de l'Italie devrait par conséquent être saluée pour la vision prospective qu'elle peut déclencher auprès des autres pays européens développés qui souhaitent s'attaquer en profondeur aux problèmes pouvant inciter les Africains à partir vers l'Europe ou l'Amérique. Ce n'est pas le montant du financement qui nous intéresse ici. C'est le fait d'avoir compris que les moyens manquent au Sud alors que le Nord dispose de fonds susceptibles d'inverser la courbe des flux migratoires. Il s'agit essentiellement de créer des conditions favorables à la réalisation des activités de production ayant de grandes valeurs ajoutées en Afrique, en vue de générer localement de nombreux emplois qui vont occuper les masses désœuvrées.  L'amélioration quantitative et qualitative des infrastructures et des cadres de vie en Afrique devrait aussi dissuader de nombreux candidats au départ.  
                                                                      
Vous avez écrit un livre sur « L’immigration africaine dans le monde : le temps des solutions au Sud ». Qu’avez-vous proposé concrètement dans cet ouvrage pour que les jeunes Africains à la recherche d’un mieux-être en Europe n’aillent plus mourir dans la Méditerranée ?                                                                                                                                   
Nous venons justement de publier chez l'éditeur français « Publibook », en janvier 2024, la nouvelle édition de l’ouvrage dont vous parlez, sous le titre : « Comment vaincre l'immigration africaine dans le monde - Les défis à relever ». Nous y avons développé des réalisations concrètes qu'on peut attendre des pays africains et les différents soutiens que nous attendons de la communauté internationale et des pays développés en général. Comme les Italiens commencent à vouloir le faire, les pays riches européens devraient essentiellement apporter tous les moyens pour soutenir des programmes de réforme des systèmes de production au Sud. Pendant ce temps, les Africains devraient mettre fin aux politiques pré...

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