« L’intérêt pour la littérature et le documentaire est croissant »

Osvalde Lewat, écrivaine, photographe et réalisatrice.

Vous venez de passer une dizaine de jours au Cameroun à communier avec les amoureux de belles lettres et des cinéphiles dans le cadre de la Semaine de la littérature africaine et du Ciné club N’kah. Qu’est-ce qui vous le plus marquée ?
Revenir au Cameroun est un moment spécial où j’ai plus l’impression de me nourrir et de m’enrichir que de donner. Je suis toujours très émue de voir que ma trajectoire est suivie depuis l’étranger par le public au Cameroun. Difficile de sélectionner entre toutes les belles images que je vais emporter avec moi. Ce qui m’a rappée, c’est la grande curiosité du public. Le niveau d’interrogations, de questions auxquelles j’ai eu à répondre m’a indiqué que même si on peut considérer que l’intérêt pour l’audiovisuel, le documentaire, la littérature est décroissant, il y a encore une poche de résistance et celle-ci est quand même solide et forte. Et, on peut s’appuyer sur elle pour permettre aux plus jeunes de retrouver un intérêt pour ces arts-là. J’ai été marquée par la mobilisation du public qui est venu, pas seulement à mes ateliers et projections de films, mais toute cette semaine, j’ai vu des centaines de personnes venir à Yaoundé ou à Douala. Franchement, je vais repartir pleine d’énergie et d’espoir. On entend souvent dire que dans nos pays la littérature est morte et que les gens préfèrent aller au bar ou faire la fête au deuil, mais je peux témoigner en repartant qu’il y a beaucoup qui le font, mais il y en a qui continuent à penser que ce sont des arts qui méritent une certaine attention.

Parlant de l’intérêt décroissant pour la littérature et le cinéma, quelle appréciation faites-vous de toutes ces initiatives qui œuvrent pour la promotion de ces arts ? 
Ma seule présence en elle-même est une réponse. Si j’ai pu prendre quasiment 15 jours pour venir au Cameroun, donner des conférences, rencontrer le public, c’est bien le signe que j’apporte tout mon soutien à ces initiatives majeures. Je vais aussi aller dans des tiers-lieux qui sont créés et gérés par des Camerounais. C’est important aussi qu’on puisse raconter nos propres histoires et qu’on ait des initiatives qui permettent au public multiple de les découvrir. J’ai été impressionnée par le Ciné club N’kah de Mary-Noel Niba. J’ai été marquée par l’organisation de cet évènement. Ce sont des initiatives qui méritent d’être soutenues et accompagnées et on ne peut pas juste avoir une génération de tiktokeurs. C’est parce que j’ai lu des livres que j’ai ce parcours aujourd’hui. J’ai dit aux jeunes dans les lycées où je suis allée : passez moins de temps en futilités sur Internet, essayez de vous intéresser à des sujets qui vont ouvrir votre champ de connaissances, élargir votre savoir. Des sujets qui vont vous permettre de lire le monde, de trouver une place dans le monde qui vous permettra vous aussi de transmettre demain. 

L’émancipation de la femme est l’un des sujets abordés dans votre roman, « Les aquatiques », dont la dédicace a eu lieu ce jour. En ce mois dédié aux droits de la gent féminine, quel mot à l’endroit de la femme camerounaise ?
La femme camerounaise est une femme forte, celle dont le courage m’a toujours impressionnée. Le dire serait comme si j’essentialise la femme camerounaise. Ce n’est pas le cas, parce qu’il n’y a pas une femme camerounaise et même celle qui sont fragiles recèlent en elles une très grande force et je crois que c’est peut-être parce que je suis née et j’ai grandi ici que j’ai en moi cette force, cette détermination, cette envie d’embrasser le monde sans crainte. Aux femmes camerounaises, je peux simplement leur dire : travaillez, n’hésitez pas à vous dépasser et je suis persuadée que chaque année, les femmes qui sont peut-être les plus fragiles ou qui sont dans des contextes sociaux qui ne leur permettent pas d’être auto...

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