Changements climatiques, accès aux ressources productives : les challenges des femmes rurales
- Par Alexandra TCHUILEU N.
- 15 Oct 2025 12:06
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Comme de tradition chaque année, le Cameroun se joint ce 15 octobre à la communauté internationale pour commémorer la Journée mondiale de la femme rurale. Cette population, par son action quotidienne sur l’environnement (terres, forêts, cours d’eau, entre autres) est au cœur de la problématique sur les changements climatiques. Cette 30e édition est aussi l’occasion d’évoquer un autre défi principal auquel les femmes rurales font face au quotidien. Il s’agit de l’accès aux ressources productives : terres, crédits, intrants, technologies, formations. D’où le thème : « Femmes rurales face aux défis des changements climatiques et de l’accès aux ressources productives ». En attendant les activités marquant cette commémoration et prévues vendredi prochain à Songmbengue, région du Littoral, CT est allé à la rencontre du ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, Marie-Thérèse Abena Ondoa.
Cette année 2025, la Journée mondiale de la femme rurale en est à sa 30è édition. Que de chemin parcouru ! De votre point de vue, Madame le ministre, quels sont les principaux acquis à célébrer au long de ces 30 dernières années ?
Je voudrais indiquer que la 30ème édition de la Journée mondiale de la femme rurale est marquée par des avancées significatives, relatives au statut sociojuridique et aux conditions de vie des femmes notamment les femmes rurales. En termes des principaux acquis, nous pouvons relever le regroupement des femmes en coopératives pour mieux bénéficier des opportunités d’accompagnement technique et financier, la formation et la sensibilisation accrues, l’accompagnement et l’encadrement des femmes rurales dans l’organisation du Salon africain de la Femme rurale ; l’éducation des femmes dans plusieurs domaines à travers les Centres de Promotion de la Femme et de la Famille (CPFF) implantés dans des zones rurales, le renforcement des capacités des femmes rurales sur le packaging en vue de leur permettre de rendre leurs produits compétitifs, en éducation financière, développement personnel, normalisation des produits, formalisation de leurs entreprises, techniques de transformation et de conservation dans toutes les grandes chaînes de valeurs ; l’allégement des tâches domestiques et la pénibilité du travail par la mise à disposition du matériel et équipements agricoles, des foyers améliorés et moulins à écraser ; la promotion d’activités génératrices de revenus (élevage, tissage, broderie, petit commerce, crédit) ; la promotion de la santé et de l’hygiène ; la promotion de la sécurité alimentaire et l'amélioration de l'accès aux sources d'eau et d'énergie. Toutefois, nous ne pouvons ignorer le fait que cette catégorie sociale continue de faire face à certains défis, notamment l’enclavement, les inégalités de genre et l'accès limité aux ressources, aux soins de santé et à l'éducation.
Pour l’édition 2025, le Cameroun braque les projecteurs sur un thème lié aux changements climatiques et aux défis d’accès aux ressources productives. Les femmes rurales sont au contact quotidien de la nature et sont touchées de manière directe par ces bouleversements. Quelle en est la portée aujourd’hui au Cameroun ?
Il faut le reconnaître : les changements climatiques sont une réalité au Cameroun, du fait de ses territoires en zone sahélienne, particulièrement exposés et durement touchés par la désertification, et également du fait de ses territoires en zone littorale, menacés par la montée du niveau de la mer. En effet, l’on observe une récurrence anormale de phénomènes climatiques extrêmes tels que la violence des vents, les températures élevées ou de fortes précipitations qui mettent en danger les communautés humaines, les écosystèmes et les services qu’ils fournissent. La nature des changements climatiques varie très largement d’une région à l’autre et leurs impacts diffèrent du fait de la grande diversité agro écologique au Cameroun. Les conséquences de ces changements climatiques pourraient amoindrir les efforts du pays visant à réduire la pauvreté, développer une économie forte, diversifiée et compétitive. Il est donc nécessaire dans ce contexte d’agir pour prévenir ces menaces et de limiter le coût social et humain. Cela implique un changement des pratiques à tous les niveaux de la société, et un investissement conséquent au vu des ressources d’un pays comme le nôtre. Les effets des changements climatiques touchent ces femmes rurales qui jouent un rôle crucial dans la gestion des ressources naturelles et dans la production et la sécurité alimentaire. Ceci est encore plus déterminant dans les pays en développement car ces femmes rurales dépendent fortement des ressources naturelles pour leur subsistance.
Selon vous, quelles sont les voies de contournement possibles pour s’adapter aux changements de son temps ?
Le gouvernement est conscient de l’impact négatif des changements climatiques notamment sur les activités des femmes rurales. C’est la raison pour laquelle, plusieurs initiatives sont mises en œuvre pour soutenir la résilience des femmes face à ce phénomène, à travers le MINPROFF et d’autres départements ministériels sectoriels tels que le MINEDPED, le MINFOF, le MINADER, le MINJEC, le MINPMEESA et plusieurs autres administrations. Par ailleurs, plusieurs stratégies sont à la portée de la femme rurale camerounaise pour maintenir sa productivité face aux effets pervers des changements climatiques. Je pourrais évoquer, l’accès à l’information. Il est important de se former sur les prévisions climatiques et sur les meilleures pratiques agricoles pouvant aider à anticiper et à s’adapter aux changements. On est aussi capable de cultiver une variété de plantes, pour réduire les risques liés aux pertes de récoltes causées par des conditions climatiques extrêmes. L’on ne pourrait ignorer l’application des techniques de conservation de l'eau à travers l’utilisation de techniques d'irrigation efficaces, comme le goutte-à-goutte, et la collecte d'eau de pluie qui peuvent aider à faire face aux périodes de sécheresse. Plus encore, assurer l’adoption de pratiques agro écologiques telles que la rotation des cultures, l’agriculture biologique et l’utilisation du compost peut améliorer la santé du sol et la résilience des cultures. Nous pouvons également évoquer l’utilisation de semences, c’est-à-dire, choisir des variétés de plantes qui sont plus résistantes aux conditions climatiques difficiles, comme la sécheresse ou les inondations. Vu notre contexte, nous encourageons aussi ces femmes à rejoindre des coopératives ou des groupes de femmes agricultrices afin de favoriser l’échange de connaissances et le soutien mutuel. Je suis convaincue qu’en mettant en œuvre ces stratégies, la femme rurale peut non seulement assurer sa productivité, mais aussi contribuer à la durabilité de son écosystème local.
L’accès aux ressources productives constitue égalemen...
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