Haro sur les donneurs de leçons
- Par Jean Francis
- 08 Dec 2025 12:11
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Pour comprendre ce qu’a vécu le Cameroun, dans ce qui est aujourd’hui appelé « la crise post-électorale », il faut se rendre dans les villes de Douala, Mandjou, Garoua, Dschang pour ne prendre que cet échantillon. Des villes où l’Etat a fort à faire pour la reconstruction et la réhabilitation de certains édifices publics et même privés. Douala a vécu de véritables scènes de guerre avec des assaillants ayant utilisé des grenades lancées dans une unité de gendarmerie, et qui, heureusement, n’ont pas explosé. A Mandjou, dans le département du Lom-et-Djerem, l’Hôtel de ville a été entièrement consumé par les flammes. On aurait encore pu se consoler en se disant que le bâtiment va être reconstruit, mais quid des documents d’état-civil qui ont été transformés en cendres. Ainsi milliers de Camerounais ont vu leurs documents d’état-civil (actes de naissance, de mariage et de décès) partir en fumée. Ceci par le fait d’hommes et de femmes obéissant à des ordres de personnes bien connues qui n’ont pas fait mystère de leurs intentions : défier l’autorité de l’Etat et plonger le Cameroun dans une insurrection à l’issue incertaine. De ces violences, dont la facture est aujourd’hui très élevée, aucune réaction observée de la part de la Délégation de l’Union européenne (UE) au Cameroun. Juste des injonctions. D’abord dans un communiqué du porte-parole de cette organisation, depuis le siège à Bruxelles, rendu public le 28 octobre 2025. « L’Union européenne invite les autorités camerounaises à identifier les responsabilités, à faire preuve de transparence et à faire justice afin de lutter contre le recours excessif à la violence et les violations des droits humains. Elle appelle également à la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement depuis l’élection présidentielle… »
Puis il y a eu cette sortie du 1er décembre dernier à la suite du décès d’Anicet Ekane, de la part de la Délégation de l’UE au Cameroun. De nouvelles injonctions sur l’enquête ouverte, selon le communiqué du ministère de la Défense, et un nouvel appel à la libération des personnes interpellées « arbitrairement » dans le cadre des enquêtes en cours, au rang desquels des étrangers. L’Union européenne évoque le recours excessif à la violence, dans un contexte où des individus sans foi ni loi ont choisi, de brûler, de saccager, de piller et même de tuer. Des sorties contraires aux usages et aux règles diplomatiques qui ont poussé le gouvernement, par la voix de son porte-parole, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, à sortir de sa réserve, dans un communiqué rendu public le 5 décembre dernier. « A cet égard, il va de soi qu’une mission diplomatique, fût-elle de l’Union européenne, ne saurait adresser des injonctions ou prescrire des orientations à un Etat souverain, toute chose qui pourrait s’apparenter à une volonté d’ingérence inadmissible ».
On a bien vu cette Union européenne interloquée en 2019, alors que l’un de ses membres faisait face à un vaste mouvement de protestation de ses populations avec un bilan très lourd à la clé : 11 morts, près de 30 000 blessés tant du côté des civils que des forces de maintien de l’ordre et environ 13 000 interpellations. Personne n’a appelé à la libération de ces personnes dont les arrestations auraient pu être sujettes à caution.
Constamment sous le coup des critiques américaines, depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025, notamment du fait...
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