Entretien : Jean-Claude Naimro à cœur ouvert
- Par Sainclair MEZING
- 08 Dec 2025 15:02
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Invité au Cameroun dans le cadre du « Grand show : Fusion Afrique-Caraïbes », un concept qui mettra sur scène au Palais des congrès samedi prochain des vedettes de la musique africaine, à l’instar d’Etienne Mbappe, de Guy Bilong, d’Hervé Lebongo et de Tenor, l’auteur compositeur et pianiste de renom de Kassav’ s’est entretenu avec Cameroon Tribune. Dans cette interview exclusive accordée au quotidien national bilingue, cette pièce-maîtresse du mythique groupe antillais parle des surprises qu’il réserve le week-end prochain au public de la capitale camerounaise et jette un regard sur la musique camerounaise dont il a largement contribué à l’évolution. Jean-Claude Naimro rassure sur le caractère résilient de Kassav’ nonobstant le décès et l’état de santé préoccupant de certains membres du groupe ainsi que l’évolution technologique qui décime sur son passage le marché du disque.
Vous êtes de nouveau au Cameroun dans le cadre d'un concert que vous donnez samedi prochain au Palais des Congrès de Yaoundé. Visiblement, il y a une sorte de fusion entre le public camerounais et vous…
Oui, je connais le Cameroun depuis tellement longtemps maintenant. Même avant Manu Dibango, j'ai commencé par d'autres artistes, Toto Guillaume, etc. Après, j'étais pianiste de Manu Dibango pendant des années. C'est mon second pays, on va dire.
À vos côtés, plusieurs autres grosses pointures de la musique camerounaise seront également sur la scène. Que réservez-vous au public samedi prochain ?
D'abord, les titres les plus emblématiques que j'ai composés dans ma carrière. Et puis, j'aime bien avoir dans mes concerts des petites surprises que je réserve aux spectateurs. Des choses qu'ils sont loin d'attendre que je fasse. J'ai essayé de les tester déjà en Martinique lors d'un concert. Donc, je vais voir ce que ça donne ici.
Durant votre longue et riche carrière, vous avez également contribué à l’envol de la musique camerounaise à travers de nombreuses collaborations avec des célébrités comme Manu Dibango, Toto Guillaume, Sam Fan Thomas, Belka Tobis. Quel regard jetez-vous sur cette musique aujourd’hui, comparée à celle d’il y a quelques décennies ?
Les musiques évoluent toujours. Comme tout dans la vie, rien ne reste statique. Avec les bons et les mauvais côtés, je pense que la musique c'est comme tout le reste. Les bonnes choses qu'il y avait avant, c'était que quand on allait en studio, il y avait beaucoup de musiciens qui venaient et qui jouaient chacun à son tour. On commençait par la rythmique, la batterie, la guitare, la basse. C'est un peu comme quand on construit une maison. On pose la fondation, puis on monte les murs et les fenêtres. Je ramenais mon clavier, on ajoutait les claviers. Après, on ajoutait les chœurs. Et pour ma part, le toit de la maison, c'était le chant et les choristes. Maintenant, les choses de nos jours se passent différemment. Parce que beaucoup de gens enregistrent chez eux et ne vont plus en studio. Alors, ça donne des albums différents, moins humains et moins chaleureux. Moi, c'est ce que je pense.
Parlant de la musique camerounaise d'aujourd'hui, j’avoue que je ne la connais pas trop. Non pas parce que je ne m'y intéresse pas, mais parce que je suis tellement à droite, à gauche, à travers le monde, avec Kassav' déjà, et puis avec mon propre groupe, parce que depuis le covid, je tourne en beaucoup solo. Donc, je n'ai pas trop écouté, ces dernières années, la musique camerounaise. J'ai été il y a quelques jours sur YouTube pour découvrir un petit peu ce qui se passe à droite, à gauche. J'ai écouté deux, trois titres du jeune Ténor, ça m'a beaucoup plu.
Que devient encore Kassav’ aujourd'hui, surtout après la disparition et la longue période de convalescence de certaines de ses figures emblématiques ?
C'est un groupe qui est comme un caméléon. À chaque fois qu'on croit que ce groupe est mort, il renaît de ses cendres. Il change d'optique et de couleur. Jacob Desvarieux est parti durant le covid, le pire moment. Tout le monde a cru que le groupe était mort. Déjà, même avant Jacob, en 2010, quand Patrick Saint-Eloi est parti, tout le monde a dit que ça commençait à crouler. Rien n'y a fait. Nous-mêmes, on n'y croyait plus. Je vais vous dire une chose qui est très étonnante : on n'a jamais autant tourné que maintenant. Et Jacob n'est plus là. Jean-Philippe Marthely est malade. Il est sur une chaise. Le groupe n'a jamais eu autant de dates de tournées que maintenant. Alors, si on me demande pourquoi ? Je n'en sais rien. Mais ...
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