Patrimoine culturel immatériel de l’humanité : bonne moisson et belles perspectives pour le Cameroun

Au ministère des Arts et de la Culture, l’on n’est pas prêt de tourner la page de la 20e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Organisation des Nations unies pour la science, l’éducation et la culture (Unesco). Session tenue à New Delhi en Inde, et qui a vu l’inscription du Mvet Oyeng et du Guruna, deux éléments camerounais, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Loin de dormir sur leurs nouveaux lauriers, les responsables du ministère des Arts et de la Culture travaillent déjà sur d’autres chantiers porteurs. Le ministre Bidoung Mkpatt en donne les détails dans une interview accordée à votre quotidien national bilingue.

 

Monsieur le ministre, à la faveur de la 20e session du comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui vient de s’achever à New Delhi en Inde, le Cameroun a pu faire inscrire deux nouveaux éléments le Guruna et le Mvet Oyeng. Est-ce une coïncidence ou un hasard de calendrier avec le septennat « Grandeur et Espérance » ?
D’emblée, je souhaite vivement exprimer aux noms de tous les membres de la délégation du Cameroun qui a participé à la 20ème session du Comité intergouvernemental de la Convention 2003, qui a eu lieu du 7 au 13 décembre 2025 à New Delhi en Inde ; et en mon nom propre, notre déférente gratitude à Son Excellence Monsieur Paul Biya, président de la République, chef de l'État, pour le très haut accord donné et l'auguste impulsion ayant permis depuis un an, l'engagement des dossiers de candidature des deux éléments culturels du Cameroun aux valeurs exceptionnelles, en vue de leur inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel. Nous remercions par la même occasion Monsieur le Premier ministre, chef du gouvernement pour ses hautes directives éclairées et sa judicieuse coordination du travail des différents départements ministériels sectoriels, les diverses institutions internationales et nationales, les partenaires et experts techniques concernés qui a permis dans la synergie des compétences, d'atteindre le résultat sus- évoqué. Nous exprimons notre reconnaissance à l'UNESCO pour l’attention accordée à l'examen des dossiers du Cameroun et pour le succès de l'inscription des nouveaux éléments culturels de notre pays sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Nous adressons également nos remerciements à toutes les administrations partenaires (MINREX, MINEDUB, COMNAT, etc..) pour leurs contributions efficientes à l’élaboration des dossiers de candidatures. Enfin, nous remercions toutes les communautés concernées au Cameroun et dans les pays amis qui ont travaillé avec engagement et perspicacité pour garantir le succès du résultat des éléments culturels inscrits supra-évoqués. 
En définitive, pour répondre à votre question, je voudrais dire que l'UNESCO est une institution internationale prestigieuse, de référence où des démarches insolites ne peuvent pas prospérer. Les textes en vigueur en matière d'inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ont été strictement respectés. En effet, c’est grâce aux très hautes instructions de la hiérarchie, qui ont permis d'anticiper sur la prospective. Et le résultat est concret aujourd'hui. Pour être plus explicite, il s'est agi il y a un an de traduire dans les faits au ministère des Arts et de la Culture, les très hautes instructions de la hiérarchie relatives au développement de la coopération multilatérale, en vue de promouvoir la diplomatie culturelle dans le sous-secteur art et culture à l'intérieur de la Communauté Economique et Monétaires des Etats de l'Afrique Centrale (CEMAC). Les différents responsables et experts du MINAC ont dès lors prioriser l'élaboration des dossiers de candidature des éléments culturels transfrontaliers. C'est ainsi que le dossier du « Guruna, pratique des retraites pastorales, socioculturelle et artistique autour du bétail chez les Massa » a été finalisé. Les peuples Massa partagent les mêmes valeurs traditionnelles qui fondent leur existence communautaire au Cameroun et au Tchad. 
Le dossier de l'élément culturel « Mvet Oyeng, art musical, pratiques et savoir-faire associés à la communauté Ekang » a également été apprêté. Le peuple Ekang étant représentatif de l'aire culturelle Fang-béti. Il partage les mêmes valeurs communautaires et est implanté au Cameroun, au Congo Brazzaville et au Gabon. Dans les candidatures collectives pour l'inscription des éléments culturels, tous les pays contribuent dans la complémentarité aux efforts d'inscription de leurs éléments culturels communs et gardent les mêmes prérogatives. C'est ainsi que le Tchad et le Gabon ont été les pays respectivement porteurs du Guruna pour l’un et du Mvet Oyeng pour l'autre. Le succès des résultats déjà évoqué a, dès lors, été possible pour le Cameroun dont les membres de la délégation à New Delhi ont participé avec efficience aux travaux de la 20ème session du Comité intergouvernemental de la Convention 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO et ont ramené les certificats y afférents qui feront l'objet des cérémonies de remise solennelle aux communautés, après accord des projets de programme transmis à la hiérarchie.

Quelle est la recette de cette belle victoire ? 
L’inscription de nouveaux éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité constitue une illustration éclatante de la vision culturelle du chef de l’État, S.E. Paul Biya, dont le septennat placé sous le sceau de la « Grandeur et de l’Espérance » donne une place centrale à la valorisation des identités nationales. Cette double reconnaissance internationale n’est ni un hasard ni une faveur, mais le fruit d’une politique méthodique de préservation du patrimoine, fondée sur les axes de la Stratégie nationale de développement 2020–2030 (SND30). 
L’inscription de ces deux éléments porte désormais à quatre, le nombre d’éléments de la culture camerounaise qui ont intégré la prestigieuse liste de la Convention 2003 de l’UNESCO. Le bal des inscriptions s’est ouvert à Kazane au Botswana en 2023 avec le « Nguon, rituels de gouvernance et expressions associées dans la communauté Bamoun ».  Un an plus tard à Asunción au Paraguay c’était au tour du « Ngondo, culte des oracles de l’eau et traditions culturelles associées ». Avec l’inscription à New Delhi en Inde, du Guruna et du Mvet Oyeng, ce sont les quatre aires culturelles du Cameroun qui sont ainsi représentées. Et c’est là, la matérialisation de la politique culturelle telle qu’instruite par le chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Paul Biya qui considère que la culture est le « ciment de l’unité ». Au-delà de ses instructions, le Premier ministre, chef du gouvernement a tenu à être informé de chacune des étapes du processus qu’il a suivi de bout en bout, à travers la feuille de route assignée au ministère des Arts et de la Culture en 2025. Et vous faites bien de le relever, ce sont des victoires indéniables pour la diplomatie camerounaise, à travers la culture et qui résultent d’une mobilisation rigoureuse des administrations, experts, communautés, détenteurs de savoirs patrimoniaux et partenaires internationaux, dans un esprit d’efficacité, de dignité et de rayonnement continental.
La nature transfrontalière des éléments concernés s’est traduite par une approche de coopération diplomatique méthodique et structurée. En ce sens, les travaux ont reposé sur une synergie entre experts nationaux, plateformes communautaires, et autorités culturelles des pays frères dans le strict respect des standards de l’UNESCO. Au-delà de la coordination technique, il s’agissait de renforcer les liens de paix et de mémoire entre les peuples à travers des biens culturels partagés. Ce dialogue interculturel répond également à l’objectif 6 de la SND30, qui prévoit la consolidation du sentiment d’unité nationale et le renforcement des solidarités régionales, notamment par la coopération culturelle. Le processus collaboratif avec les pays frères et amis a débuté par une phase de sensibilisation et de consultation mutuelle. Des échanges fréquents nous ont permis d’œuvrer ensemble pour la réussite du projet commun.  Il était question de s'accorder sur le fait que l'élément proposé dans chaque candidature possède une signification commune justifiant une inscription conjointe. Cette étape préliminaire a exigé l'établissement de canaux de communication officiels entre les organismes gouvernementaux responsables du patrimoine culturel dans chaque pays participant. Cependant, la véritable pierre angulaire a résidé dans l'engagement des communautés concernées. Il ne s'agissait pas simplement d'informer les détenteurs des savoirs liés aux éléments soumis pour une reconnaissance universelle, mais de les placer au centre du processus décisionnel, conformément à l'esprit de la Convention qui privilégie la participation plutôt que la simple consultation. C’est l’occasion pour moi de remercier tous les experts qui se sont mobilisés, toutes les communautés qui ont permis de mieux documenter les différents dossiers de candidatures, mais aussi les experts du bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique centrale, dont l’accompagnement reste toujours aussi précieux.

L’inscription n’étant pas une fin en soi, comment tous les acteurs impliqués entendent-ils pérenniser ces legs ancestraux sous le label de l’Unesco ? 
Le chef de l’État l...

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