Dr Clément Nimessi:« La Commission doit jouer le rôle de gendarme »

 Enseignant de traduction et de terminologie dans les universités de Yaoundé I et de Dschang.

Quelles stratégies proposez-vous à la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, en vue de l'accomplissement et de la réussite de ses missions?
La Commission doit jouer le rôle de gendarme (watchdog en anglais) qui régule et règlemente l’utilisation de nos deux langues officielles. Ce rôle se résume en un triptyque. Ce gendarme a un rôle préventif au début de son action et de ses activités. Dans un premier temps, ce gendarme sensibilise sur les « does » et les « don’ts » comme on le dit en anglais, c’est-à-dire le respect de l’éthique et des règles de l’art dans la pratique du bilinguisme tel que prévu par le décret N° 2017/013 du 23 janvier 2017 portant création de la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme. La Commission doit s’inspirer des nombreux autres textes qui existent en la matière et qui demandent simplement à être mis en application.  Nous n’en voulons pour preuve que la circulaire du 16 août 1991 du Premier ministre à « Madame et MM les ministres, secrétaires d’Etat et assimilés, MM les gouverneurs de provinces », qui rappelle l’option prise par le gouvernement en vue de la promotion du bilinguisme et les mesures à prendre dans les services publics et parapublics, entre autres.
Devant le non-respect des règles de la circulation routière, ce gendarme devient un père fouettard qui utilise son sifflet pour brandir des sanctions contre le non-respect des textes en la matière, la non-utilisation, ou encore la mauvaise utilisation de nos deux langues officielles.  La non-utilisation ou encore la mauvaise utilisation de nos deux langues officielles renvoie immédiatement à ce qu’il est convenu d’appeler la gestion terminologique, tant en contexte monolingue que bilingue.
Dans un contexte de bilinguisme institutionnel comme celui du Cameroun, la transmission des connaissances, pour être efficiente et sans ambiguïté, doit respecter le principe « d'uninotionnalité », principe qui veut que chaque fiche terminologique (modèle de présentation des données terminologiques qui regroupe tous les renseignements disponibles relatifs à un concept) porte sur une seule notion et que, idéalement, toutes les données relatives à une même notion soient groupées sur une seule fiche.
Comment faire pour que l'anglais et le français soient deux langues d'égale valeur, comme le prévoit la Constitution?
Cela passe par la formation en quantité et en qualité des orfèvres de la langue que l’on appelle les langagiers traducteurs, interprètes, terminologues, rédacteurs techniques et journalistes spécialisés et il faut également s’assurer que les nombreux textes en la matière soient respectés. Il faut préciser qu’il n’existe pas au Cameroun une loi concernant la langue de l’administration, c’est-à-dire celle dans laquelle doivent être entretenus les rapports entre les citoyens et l’Etat.
En outre, le  gouvernement a mis la traduction au service du bilinguisme grâce à l’institutionnalisation des cellules de traduction dans les organigrammes de tous les ministères. Ces cellules sont chargées de la traduction courante, du contrôle de la qualité de la traductio...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie