Lazare-Etien Kouassi: « Le Cameroun est une véritable terre d’hospitalité »

Représentant du HCR au Cameroun

 

Monsieur le représentant, quelle est la cartographie des réfugiés qu’accueille aujourd’hui le Cameroun ?


Le Cameroun est une véritable terre d’hospitalité qui accueille généreusement aujourd’hui environ 373 000 réfugiés et demandeurs d’asile, dont 259 000 réfugiés centrafricains vivant dans les trois régions de l’Est, de l’Adamaoua et du Nord ; un peu plus de 88 000 réfugiés nigérians dans la région de l’Extrême-Nord et quelques 20 000 réfugiés urbains vivant principalement dans les villes de Douala et Yaoundé. Il faut noter que le HCR s’occupe également de plus de 220 000 personnes déplacées internes dans la région de l’Extrême-Nord.


Environ 370 000 réfugiés et quelques 220 000 personnes déplacées qui sont pour l’essentiel la conséquence des conflits armées dans les pays voisins. Au niveau du HCR, comment cette situation est-elle gérée ?


Il faut noter que le HCR, en tant qu’organisation à caractère apolitique et humanitaire, n’intervient pas dans la gestion des crises politiques au sein des Etats qui demeurent souverains. Nous travaillons plutôt à gérer les personnes victimes de ces crises/conflits. Au Cameroun, le HCR vient en appui au gouvernement pour l’aider à assurer la protection et l’assistance aux réfugiés et personnes déplacées internes vivant au Cameroun. Pour l’essentiel, et en étroite collaboration avec le gouvernement, nous travaillons à la détermination du statut de réfugié et délivrons à ces personnes des documents d’identification. En outre, nous leur apportons une assistance humanitaire vitale. Il s’agit entre autres de l’assistance alimentaire en collaboration avec le Programme alimentaire mondial, de la fourniture en abris et articles non alimentaires (bâches, couvertures, nattes, ustensiles de cuisine, jerrycans, kits hygiéniques pour femmes en âge de procréer, etc.), de l’appui aux activités génératrices de revenus, l’approvisionnement en eau et assainissement, l’appui aux structures étatiques pour la prise en charge des soins de santé, l’appui à l’éducation, etc. Il faut dire que l’appui du gouvernement est d’un grand soutien dans la mesure où les autorités, aussi bien au niveau central que local, ne ménagent aucun effort pour accompagner et nous faciliter le travail.


Quelle est la principale difficulté de la prise en charge de toutes ces personnes dans les différents camps ?


Le HCR et ses partenaires font face à plusieurs défis dans la gestion des réfugiés vivant au Cameroun. Le premier est d’ordre financier. En effet, la persistance et la multiplication des crises dans le monde ont eu pour effet direct la baisse des financements octroyés par nos principaux donateurs. Les conséquences sont multiples : pour les réfugiés centrafricains par exemple, depuis la fin de l’année 2016, leur ration alimentaire a diminué de moitié, ce qui les expose à des risques de malnutrition. Avec nos partenaires et le gouvernement, nous sommes en train de travailler sur le développement d’une stratégie d’autonomisation qui permettra, pour ces réfugiés, de passer de l’étape d’assistance à l’étape du développement. Cette stratégie cible aussi les populations camerounaises qui accueillent ces réfugiés dans leurs villages. Dans le camp de Minawao, le principal défi est celui de l’approvisionnement en eau potable. Vous savez que le camp est situé dans une zone où la nappe phréatique est très pauvre. Heureusement nous sommes en train de finaliser le projet d’adduction, en partenariat avec la CAMWATER, qui tirera l’eau potable depuis la ville de Mokolo jusqu’à Minawao, en approvisionnant plus d’une dizaine de villages environnants. L’éducation aussi demeure un challenge à cause...

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