Ciné-club N’kah : Mweze Ngangura en guest-star

Le réalisateur congolais, auteur des films multi primés « Pièces d’identités » et « La vie est belle » a récemment partagé sa longue et riche expérience avec les cinéphiles de Yaoundé.

Des souvenirs et des émotions. « C’est une rare occasion pour moi d’être dans une salle de cinéma avec un monument comme Dieudonné Mweze Ngangura. A travers « Kin-Kiesse », vous m’avez présenté une image de Kinshasa que je connaissais à l’époque quand j’étais correspondant à la présidence de la République. Le jeune journaliste que j’étais avais eu le privilège d’accompagner le président Paul Biya à Kinshasa et la belle image de cette ville que j’avais connue est la même que je retrouve dans ce film et j’en suis ému ». Ainsi s’exclamait l’ancien rédacteur-en-chef de langue anglaise de RFI, William Niba, le 2 décembre dernier à la salle Sita Bella, sise au ministère de la Communication à Yaoundé. 
Le journaliste faisait partie de l’assistance composée d’amateurs et de professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, venue honorer la session 13 du Ciné-club N’kah. Ce concept visant à ramener le public dans les salles sombres à travers la diffusion de films africains de haute facture et d’échanges avec des professionnels du cinéma de renom avait cette fois-ci, comme invité spécial, le réalisateur congolaisMweze Dieudonné Ngangura. Une icône qui a fait les beaux jours du cinéma africain à travers ses films à succès dont les plus populaires sont « Pièces d’identités », avec à l’affiche le Camerounais Gérard Essomba, et « La vie est belle », film par la légende de la rumba congolaise de regrettée mémoire, Papa Wemba.
Durant deux jours, Dieudonné Mweze Ngangura, l’un des rares cinéastes africains à avoir remporté deux fois l’Etalon d’or du Fespaco (avec son documentaire « « Kin-Kiesse » et sa fiction « Pièces d’identités » a édifié le public sur de nombreux aspects du cinéma africain. CT est allé à sa rencontre. 

Vous êtes de retour au Cameroun, un pays que vous affectionnez particulièrement et vous y avez d’ailleurs tourné une partie de votre film à succès « Pièces d’identités ». Qu’est-ce qui justifie cet attrait ? 
J’aime beaucoup le Cameroun. Le paysage tropical m’est familier. C’est pour cette raison que du fait de la guerre au Zaïre à l’époque, certaines scènes extérieures de « Pièces d’identités » ont été tournées à Douala du fait des ressemblances entre cette ville et Kinshasa. La chefferie de Bana, dans la région de l’Ouest du Cameroun, a elle aussi servi de décor à d’autres scènes de ce long métrage. Par ailleurs, j’aime bien la chaleur humaine et la spontanéité que les gens ont avec moi. Aussi, j’ai travaillé avec un grand comédien de ce pays en la personne de Gérard Essomba pour mon film « Pièces d’identités ». Nous nous sommes rencontrés en 1983 au Fespaco. Pour « Pièces d’identités », il me fallait un acteur africain francophone d’un certain âge et il n’y en a pas beaucoup. Gérard était une des rares personnes dont l’apparence extérieure pouvait amener à incarner le rôle d’un vieux roi africain. Il a beaucoup aimé le scénario du film, d’autant plus qu’il retrouvait quelques points communs entre lui, descendant de la famille royale Mani Ewondo avec cette histoire d’un roi congolais qui débarque en Belgique. Il se retrouvait dans le personnage parce que le personnage du vieux roi s’appelait Many Congo et Gérard lui-même a toujours signé Essomba Mani, ancien le petit-fils de l’ancien roi de Mvog-Ada.

Vous avez donné une master-class sur la thématique « Quel public pour le cinéma africain ». Y-a-il urgence de penser à un public pour le cinéma africain ?
J’ai constaté que dès le début, le cinéma africain n’avait pas de public. L’Afrique a toujours été un réservoir de public pour le cinéma mondial. Les films hindous, que nous avons consommés dans notre jeunesse, trouvaient très souvent leur marché en Afrique. Actuellement le cinéma africain commence à trouver son marché et son public à travers les films nigérians. Mais nous avons consommé les films westerns dans notre jeunesse. Le cinéma africain dont la naissance a eu lieu récemment est un cinéma qui est dans la continuité des stéréotypes sur l’Afrique que le monde avait. Ce sont ces clichés qui dépeignaient de façon souvent négative le continent et ses habitants. Le seul marché du cinéma africain à l’époque était les festivals à l’étranger. Et là aussi, il fallait que ce soit un cinéma qui montre un côté exotique du contient et je pense de plus en plus que cette période est passée. L’Afrique est en train de chercher le cinéma calqué sur sa vraie raison d’être et cherche d’abord son vrai public. 

Quel regard jetez-vous sur le cinéma africain d’aujourd’hui ?
C’est un cinéma qui est né dans des circonstances d’un cinéma exotique encouragé par la coopération française où les films africains étaient de petites curiosités exotiques. Et maintenant nous passons de plus en plus à un niveau supérieur ...

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