Mayo-Banyo: terre d’accueil pour réfugiés

Les localités d’Atta, Songkolong et Somié dans l’arrondissement de Bankim, accueillent une forte colonie d’éleveurs Mbororos pourchassés par les agriculteurs mambila.

Le soleil inonde de ses doux rayons la plaine d’Atta. La voix du muezzin s’est tue depuis quelques minutes. La prière de la mi-journée vient de s’achever. Un à un, les réfugiés nigérians, les hommes en l’occurrence, rejoignent leurs appartements aménagés dans une maison en construction, juste derrière un édifice luxueux, étincelant de marbre, perdu au pied des montagnes qui séparent le Cameroun du Nigeria. Dans la petite mosquée du village, les réfugiés viennent de confier « leurs problèmes » à Allah.  Dans la cour de la concession qui fait office de camp de réfugiés, les femmes font des ablutions. De temps à autre, Ibrahim Saidou, un homme au teint clair, sort la tête par la porte pour regarder ses deux enfants jouer. Cet éleveur mbororo du Nigeria veille jalousement sur sa famille. Juste derrière les appartements mis gracieusement à la disposition des réfugiés par le chef de village, le colonel Anatole Djouwe, natif du coin, se trouve un saré. Le quartier est occupé par les notables, les hommes les plus âgés de la colonie de réfugiés. Ce sont les ardos. La conversation avec les patriarches ne dure pas plus de cinq minutes. Ils confessent juste qu’ils « se sentent très bien » à Atta depuis leur arrivée le 22 juin dernier. André Ngnimadjou, un adolescent du village, joue les traducteurs.  Membre du comité local de la Croix-Rouge, il fait partie des habitants ayant apporté les premiers secours aux éleveurs mbororos en détresse. Ils fuient les exactions des agriculteurs mambila. « Le sempiternel problème entre agriculteurs et éleveurs est à l’origine de cette crise », soutient le sous-préfet de Bankim, Justin Mounchili. Quelques heures seulement après son installation le 19 juin dernier par le préfet du Mayo-Banyo, le problème s’est déclenché.
Alerté par Cédrick Tchuisseu Tchuidjam, chef de poste frontière par intérim de la Sûreté nationale de Songkolong, il est descendu sur le terrain dare-dare le 21 juin dernier pour apprécier la situation, prendre les mesures d’urgence et organiser les premiers secours aux éleveurs mbororos accusés par les mambila, majoritairement agriculteurs, de laisser leurs bêtes en divagation détruire leurs cultures. Ce qui a provoqué le déchainement de violences.  Le pic de la haine a été enregistré la troisième semaine du mois de juin. Des gens ont été tués. Les biens pillés. Des maisons incendiées.  « L’une des premières mesures a été de contenir la crise au niveau de Sa’a, dernier village camerounais frontalier avec le Nigeria. Il fallait éviter d’importer ce problème de pression foncière sur les pâturages au Cameroun où on enregistre aussi des conflits agro-pastoraux mettant aux prises agriculteurs mambila et éleveurs mbororos. Mais dans notre pays, ce conflit n’a jamais atteint un tel niveau de violence et d’atrocités », témoigne le sous-préfet, encore sous le choc des images captées sur le terrain. Entre le 20 juin et le 12 juillet, 1700 réfugiés nigérians environ avaient été recensés à Atta, Somié, Songkolong, les trois cantons qui les hébergent. 2000 bœufs environ ont aussi traversé la frontière. La situation a été gérée avec tact par les autorités administratives, les forces de défense et de sécurité, les chefs traditionnels, les secouristes de la Croix-Rouge et les populations, les différentes associations des mbororos du Cameroun. Une chaîne de solidarité à laquelle sont venus se joindre le 12 juillet dernier, le Haut Commissariat des Nations unies aux Réfugiés (HCR) et la direction de la Protection civile au MINATD qui sont descendus sur le terrain. La situation s’est apaisée, comme a pu le constater C.T. A date, moins de 1 000 réfugiés nigérians séjournent encore dans la localité.

 

Réactions

 

Ibrahim Saidou: « Nous sommes bien accueillis »

Réfugié nigérian

« Je suis arrivé ici à Atta, accompagné de ma femme et de mes deux enfants. Nous avons été bien accueillis par les autorités camerounaises et les populations locales. Nous sommes bien logés. Nous avons reçu des vêtements, des denrées alimen...

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