« Tout est encore possible »

Dr Alain Roger Edou Mvelle, politologue.

Les Kenyans élisent demain un nouveau président dans un contexte tendu. Ne faut-il pas s’inquiéter pour la suite du processus électoral?

On ne change pas les règles du jeu en cours de compétition ! Le positionnement de l’opposition et le durcissement du discours sont contraires à la maturité dont a fait preuve la Cour suprême en invalidant les derniers résultats. Il n’était pas opportun de se retirer de la course en exigeant toutes ces réformes dont les réponses ne peuvent qu’être parcellaires au stade actuel. On peut donc envisager d’accéder à certaines revendications de Raila Odinga pour décrisper la situation et le ramener en lice. Si tel n’est pas le cas, la responsabilité politique des violences lui incombera aussi. Les appels à manifestation bravant l’autorité de l’Etat sont de nature à renforcer les clivages politiques et ethniques dans ce pays. La vigilance internationale est désormais portée sur cette élection, au point où la Commission électorale n’aura aucun intérêt à organiser les fraudes dans une période aussi critique. Une décision courageuse du leader de l’opposition s’impose donc pour sauver son pays d’un nouveau cycle de violence et assurer sa propre survie politique, dès lors que le maintien de son retrait ne fait pas l’unanimité et pourrait le discréditer ou consacrer sa mort politique. A moins que le risque de violence ne soit très élevé de la part des contestataires et que la préservation de l’ordre public impose finalement le report du scrutin.

Les six candidats recalés ont été réadmis dans le processus électoral pour affronter Uhuru Kenyatta, le candidat sortant. A votre avis, la Commission électorale n’avaitelle pas d’autre choix que de procéder ainsi?

C’est une façon de mettre la pression sur Raila Odinga. Matériellement, une élection se prépare. S’il ne se dédit pas rapidement, les bulletins de vote seront préparés avec les noms des candidats actuels. Je pense que c’est une bonne chose dans la mesure où il faut éviter que le pays ne se retrouve dans une situation d’ingouvernabilité. Mais, l’on pouvait tout aussi imaginer la continuation des préparatifs logistiques. L’élection pouvait être transformée en plébiscite avec les bulletins du président sortant et les bulletins blancs. A ce moment, le candidat-président ferait face à lui-même ainsi qu’à un vote massif éventuel pour les bulletins blancs. La campagne des opposants pourrait être orientée en ce sens pour empêcher cette victoire entachée d’illégitimité. Le problème avec la réintégration des candidats, c’est qu’elle ...

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